Intervention de Gérard Romiti

Réunion du 13 mai 2015 à 9h30
Commission des affaires économiques

Gérard Romiti, président du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins, CNPMEM :

Merci de ces nombreuses questions très informées. Il est vraiment important de se réunir et d'échanger. Lors des débats sur la pêche en eaux profondes, nous avions quitté une réunion car on voulait nous amener sur un terrain qui n'était pas le nôtre : je plaide coupable.

L'ostréiculture est gérée par le Conseil national de la conchyliculture : je ne peux donc pas vous répondre.

Nous sommes favorables à la labellisation, qui favorisera l'indispensable reconquête du marché intérieur. Nous avons créé dans ce but France Filière Pêche, et la marque Pavillon France que nous avons lancée permet une traçabilité complète, depuis le fond de l'eau jusqu'à votre assiette. Mais je vois, à Paris par exemple, beaucoup de poissonniers ou de grandes surfaces qui ne respectent pas la réglementation…

Vous, parlementaires, devez être les relais entre la terre et la mer. Je participe aux réunions de l'Association nationale des élus du littoral (ANEL), où les discussions sont nourries. Cela nous permet de ramer tous dans le même sens...

La France était pionnière en matière d'aquaculture dans les années 1975-1980. Nous maîtrisons le savoir-faire, et disposons de plateformes de recherche.

Dans les années 1970, il fallait non pas quatre mais jusqu'à cinq kilos pour un kilo produit ! Aujourd'hui, nous sommes plutôt à deux kilos et demi. Je ne vais pas la dénoncer ici, mais je souligne que la pêche minotière est très peu connue, et qu'elle pêche ce qu'elle veut...

J'ajoute que les territoires ultramarins ont un potentiel très prometteur en matière d'aquaculture : en trois ans, contre six en métropole, grâce à la température plus élevée de l'eau, on peut y produire un bar de 800 grammes !

La France ne peut pas continuer d'être la lanterne rouge : l'aquaculture n'occupe aujourd'hui que quinze hectares d'espaces maritimes. L'aquaculture, chacun sait que c'est l'avenir, mais on n'en veut pas dans sa baie, dans son port, devant sa villa ! Dès lors, les jeunes que nous formons ont bien du mal à s'installer. Pourtant, nous n'avons pas à rougir de nos pratiques, contrairement aux Norvégiens par exemple. Nous utilisons les médicaments, mais à bon escient, lorsqu'ils sont nécessaires ; le comité national dispose d'ailleurs d'un vétérinaire. Dans notre pays, la qualité des eaux dans les cages est bonne, la biomasse excellente. Il ne faut pas opposer pêche et aquaculture : ce sont des activités complémentaires.

S'agissant de La Réunion, nous y avons réalisé une mission. M. le Premier ministre a, je crois, donné son aval pour compenser les frais d'exportation des très bons produits réunionnais vers la métropole – on ne pouvait pas attendre l'arrivée des fonds du FEAMP qui aura, vous le savez, deux années blanches !

Lorsque nous nous sommes rendus à La Réunion, le drame de ce jeune garçon tué par un requin venait d'arriver. Cela ne peut qu'émouvoir. Mais il ne faut pas remettre en cause la réserve. À mon sens, la solution réside dans la régulation des populations. Vous disposez d'un très bon comité régional et votre professionnalisme doit être cité en exemple. Mais la concurrence déloyale des bateaux de pêche de pays voisins qui travaillent à bas coût représente, dans les outre-mer, un vrai problème. Il faut appliquer les lois françaises. La question des requins n'est d'ailleurs pas forcément étrangère à celle des zones de pêche, puisque ces bouledogues suivent les bateaux...

Je ne reviens pas sur la question de la pêche profonde, si ce n'est pour dire qu'elle fait vivre de nombreuses familles, et que son interdiction pénaliserait 450 petits bateaux.

Vous m'interrogez sur la façon dont sont choisis les membres du comité national. Des élections – où votent les professionnels – ont d'abord lieu au niveau départemental ; ensuite, le niveau départemental élit ses représentants régionaux – nous avons défini quatorze régions ; enfin, les représentants régionaux élisent le président du Comité national. Les élections ont lieu tous les cinq ans ; la prochaine se tiendra en 2017. Chaque association peut participer, mais il faut une carte syndicale.

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