Je me réjouis de cette audition. Étant picard, je n'ai pas la même connaissance du dossier que mes collègues franciliens même si je ne suis pas très éloigné de la capitale.
Le Grand Paris recoupe un autre projet majeur d'aménagement du territoire de notre pays, celui du canal à grand gabarit Seine-Nord Europe. Ce chantier intéresse directement la région Île-de-France et le Grand Paris. Ses intérêts sont multiples : report modal massif de la route vers le transport fluvial – on évoque 2 millions de camions par an à terme –, création d'emplois – le chiffre de 15 000 a été avancé pour l'Île-de-France –, dynamisation de ports franciliens comme Gennevilliers ou Conflans-Sainte-Honorine, etc.
Plus largement, le canal Seine-Nord Europe est une opportunité stratégique pour accompagner le complexe portuaire Le Havre-Rouen dans son développement et pour desservir l'ensemble du bassin de consommation en s'appuyant sur le réseau des ports intérieurs. Il permettrait de faire des ports de la Seine de véritables ports de Paris et d'étendre leur aire d'influence vers l'est de l'Europe et vers le Benelux.
Vous vous êtes vous-même déclaré « à 100 % favorable» au canal Seine-Nord Europe. Le conseil régional d'Île-de-France a voté à l'unanimité une participation de 215 millions d'euros pour sa construction. J'aurais aimé, du reste, qu'il en aille de même au conseil régional de Picardie !
Alors que près de 300 millions d'euros ont été déjà dépensés et que la plus haute autorité de l'État a donné son feu vert en 2011, nous étions en droit de penser que la réalisation du canal était devenue irréversible. Or le Gouvernement a décrété un gel que je ne suis pas le seul à espérer provisoire. En soumettant à une énième évaluation de principe ce qui a pourtant dépassé le stade du projet – des réalisations concrètes ont déjà été effectuées, notamment, en 2011, le surbaissement de l'A29 pour permettre le passage du canal – et en plaçant cette infrastructure sur le même plan que d'autres projets du schéma national des infrastructures de transport (SNIT) qui n'existaient pas encore ou seulement sur le papier, le Gouvernement a pris le risque de brouiller le message volontariste de l'État et de décourager les nombreux acteurs qui, sur le terrain, préparaient très activement l'arrivée du chantier.
Fort heureusement, cette volte-face est en train de susciter, dans les régions concernées par le tracé, une très forte mobilisation, un « Front populaire » rassemblant des élus locaux et nationaux de toutes étiquettes politiques et la totalité des acteurs économiques.
C'est pourquoi je souhaite que vous nous confirmiez les enjeux du canal Seine-Nord Europe pour le Grand Paris et que vous nous indiquiez les actions que vous avez entreprises ou que vous comptez entreprendre pour convaincre le Gouvernement de réaliser enfin cette construction tant espérée.