Messieurs, je vous remercie de votre présentation et des propos encourageants que vous avez tenus, en particulier sur la mise en place de ce grand service public de la voie d'eau qui a nécessité, en interne, une lourde réorganisation et la mise en place d'un nouveau système de management, avec des personnels de statut différent, ce qui n'est jamais facile.
Je vous remercie d'avoir signalé que ce service devait faire des efforts pour travailler de façon peut-être plus directe avec les élus locaux. Il est en effet tentant de ne travailler qu'entre soi, en l'occurrence entre techniciens et ingénieurs qui, parfois, éprouvent une certaine défiance vis-à-vis des élus locaux.
Vous représentez un mode de transport mis en place au moment de la révolution industrielle et au service de l'industrie lourde française. Pour s'en convaincre, il suffit de se reporter à la géographie des canaux, en particulier ceux qui sont encore utilisés aujourd'hui à des fins économiques, pour le fret. Ils se trouvent à l'Est d'une diagonale Le HavreMarseille, plus particulièrement au Nord-Est de la France, en liaison avec les grands canaux du Nord de la France, de la Belgique et des Pays-Bas, pour l'approvisionnement des grands ports nord-européens.
Il y a probablement aujourd'hui un problème de vocations. On voit bien que, sur le fret, vous pliez mais vous ne rompez pas par rapport aux années précédentes. Pour autant, comme tout le monde, vous subissez la crise.
Vous avez deux types de trafic dominants : les trafics agricoles et les trafics de matériaux de construction qui ont subi un assez faible tassement. Vos recettes sont néanmoins en difficulté, du fait des régulations budgétaires de l'État et des problèmes de rentrées fiscales. Pourtant, vous avez un patrimoine à entretenir.
Ma première série de questions porte sur l'exploitation de vos réseaux. Je suis élu d'une région qui possède un superbe canal, le canal latéral à la Garonne, qui se prolonge par le canal du Midi. Malheureusement, le patrimoine se dégrade faute de moyens pour l'entretenir. Il y a de grands ouvrages, mais peu de trafic – plus de trafic économique, mais un petit trafic touristique qui a été réactivé grâce à l'attrait des centres-villes. Cela dit, ce sont plutôt les fleuves qui bénéficient de l'accroissement des croisières fluviales. Que pensez-vous donc de l'état de ces ouvrages, notamment des vieux ouvrages qui n'ont plus de vocation économique très affirmée ? Est-il possible de remettre en place des trafics locaux de cabotage ? Est-ce que le tourisme y suffira ?
J'aimerais également que vous nous parliez de votre gestion forestière, et du problème posé par le chancre coloré du platane. Qu'est-ce que cela vous coûte ? Quel est votre plan de déploiement ? Comment comptez-vous préserver le paysage, dont le platane est indissociable ?
Ensuite, que pensez-vous des délégations de service public ? Y avez-vous souvent recours ? Chez moi, cela se passe bien, à condition d'être très vigilants. Avez-vous l'intention de développer les délégations de service public de gestion de ports, que ce soit pour le fret ou pour le tourisme ?
Je ne saurais résister à l'envie de vous demander comment vous envisagez la mise en oeuvre des préconisations du rapport Pauvros. L'une d'elles, qui ne dépend pas de vous, me paraît très intéressante. Pour développer le fret fluvial, il faut que celui-ci soit incitatif, c'est-à-dire que les prix relatifs entre le fret fluvial et notamment la route, soient favorables au premier. Voilà pourquoi notre collègue propose que sur l'axe Seine-Escaut, nous menions une véritable politique publique en faveur du trafic fluvial en mettant en place une Eurovignette Qu'en pensez-vous ?
Enfin, travaillez-vous sur les interfaces entre la route et la voie d'eau ? Menez-vous une politique d'investissement en matière d'intermodalité ? S'agit-il d'une politique raisonnée autour de quelques grands trafics repérés ou repérables comme pouvant faire l'objet d'un transfert de la route sur la voie d'eau ?