Intervention de Patrice Carvalho

Réunion du 13 mai 2015 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrice Carvalho :

Merci, monsieur Saint-André, d'être venu nous présenter le projet stratégique de VNF 2015-2020. Merci, monsieur Papinutti, de répondre à toutes nos sollicitations.

À la commission du développement durable, nous ne cessons de promouvoir la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, et par conséquent l'action contre la consommation énergétique de produits fossiles, et de remettre en cause le « tout routier » dans le transport de fret. Or, malgré nos professions de foi écologiques, la part du fluvial ne représente qu'un peu plus de 2 % du transport, contre 9,4 % pour le rail, en déclin, et 88,3 % pour la route. Pour faire bonne mesure, le projet de loi « Macron » nous promet un développement du transport passager en car, qui se fera au détriment du rail. Bref, nous faisons l'exact contraire de ce que nous affirmons.

Avec 1 kg équivalent pétrole consommé, nous pouvons transporter 1 tonne de marchandises sur 50 km par camion sur autoroute, sur 130 km par train et 175 km par voie fluviale. Le transport fluvial est bien le moins cher des modes de transports, le moins polluant et parmi les plus sûrs mais, paradoxalement, le moins utilisé. Il devrait faire l'objet d'une attention publique particulière. Pourtant, il n'échappe pas à la politique d'austérité, ce qui constitue un autre paradoxe.

Je suis l'élu d'une région qui est au coeur du projet du canal Seine-Nord Europe. En effet, la partie nouvelle de ce canal démarre dans ma circonscription, où l'on débat des projets de construction de plateformes multimodales et des quais de débarquement. Il faut faire en sorte que l'infrastructure permette le développement économique, et que les industries qui aujourd'hui n'utilisent que la route utilisent également la voie d'eau. Mais cette multimodalité destinée à favoriser l'essor de la voie d'eau devrait être déployée partout sur l'ensemble du réseau, dans le cadre d'une politique globale d'aménagement des territoires, en cohérence avec une politique industrielle.

C'est une question de volonté politique et de moyens correspondants. J'ajoute que si nous voulons développer le transport modal, il faut que le « tout routier » ne soit pas le mode le plus favorisé. De ce point de vue, le fiasco de l'écotaxe apporte la démonstration du contraire.

Ensuite, votre projet stratégique a de grandes ambitions – Bray-Nogent, MAGEO et le canal Seine-Nord Europe. Nous ne pouvons que nous en féliciter. Mais toute la question réside dans les moyens dont vous disposerez pour que ces ambitions se réalisent. Et ces moyens sont aussi ceux qui seront alloués aux salariés de VNF, sans lesquels le réseau ne saurait répondre aux exigences de fonctionnement et de développement qui s'imposent à l'établissement.

Enfin, le projet Seine-Nord Europe va se réaliser. Mais quand je vois que ce canal va démarrer à Janville pour déboucher à Bellerive, je m'interroge sur l'intérêt de maintenir l'ancien canal existant. Personnellement, j'y suis sentimentalement attaché, mais celui-ci a été construit en surplomb et je ne suis pas sûr que l'on ait les moyens de l'entretenir. D'ailleurs, qui l'entretiendra ? Ce pourrait être l'occasion de remettre les choses à plat, et d'en discuter avec les élus locaux.

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