Intervention de Georges Sabra

Réunion du 10 octobre 2012 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Georges Sabra, membre du bureau exécutif du Conseil national syrien :

Je vous remercie, mesdames et messieurs, de cette occasion qui nous est offerte de nous exprimer devant les héritiers d'une tradition politique qui remonte aux Lumières. La France a toujours joué un rôle primordial dans la conquête de la liberté ; elle fut à nos côtés dès le premier jour. C'est grâce à elle que j'ai pu quitter la Syrie – chose qui m'était interdite depuis 1979 – à pied, sous la menace des tireurs d'élite du régime. La France occupe une place à part dans l'esprit du peuple syrien.

Les révolutionnaires syriens se soulèvent non pas par haine de Bachar El-Assad, mais par amour de la Syrie. Le problème ne se résume pas à la seule personne de Bachar, à sa communauté ou à son parti, mais à l'existence de ce régime, seul survivant d'une catégorie condamnée par l'histoire et qui, aujourd'hui, n'a plus aucune légitimité. Certains s'obstinent encore à la défendre, non pas dans l'intérêt du peuple syrien, mais en fonction de leur propre agenda.

La Syrie actuelle souffre d'un équilibre de la faiblesse entre le régime et la révolution. Le régime ne parviendra jamais à liquider la révolution, fût-ce avec l'appui de tous les chars russes et du trésor iranien. En face, les Syriens sont déterminés à le renverser – comme en témoigne le courage de ces jeunes gens qui s'emparent de chars encore en mouvement. Pourtant, le peuple syrien pave le chemin de la liberté avec les corps de ses enfants. Dans ce contexte, il faut agir. Pour démettre Bachar El-Assad, la révolution a besoin de l'appui que pourront lui apporter tous les amoureux de la liberté dans le monde. Le régime ne doit plus bénéficier d'aucun soutien au Conseil de sécurité des Nations Unies, car on ne saurait lui permettre de bombarder son propre peuple en toute impunité.

Les Syriens doivent être aidés mais, pour autant, refuseront la présence de troupes étrangères sur leur sol. Ils ont d'ores et déjà libéré de vastes portions du territoire, dont une bande frontalière avec la Turquie de 900 kilomètres de longueur sur 40 kilomètres de largeur. Comment cependant pourront-ils garantir leur protection contre l'aviation du régime ? Comment pourront-ils protéger les réfugiés, dont beaucoup passeront l'hiver sous les oliviers, sans eau et sans nourriture, sachant que la Turquie ne veut plus les accueillir en raison de la saturation des camps qu'elle abrite déjà ?

En clair, le peuple syrien fait pleinement face à ses responsabilités, mais demande aussi à la communauté internationale de faire ce qu'elle peut pour qu'il prenne place, comme il le mérite, parmi les peuples libres du monde.

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