Intervention de Georges Sabra

Réunion du 10 octobre 2012 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Georges Sabra, membre du bureau exécutif du Conseil national syrien :

L'Islam a toujours été modéré en Syrie. Comment expliquer autrement qu'il y ait toujours eu un premier ministre et un président de l'Assemblée nationale chrétiens en Syrie depuis 70 ans? Un chrétien a même été ministre des affaires religieuses et du Wakf.

L'extrémisme résulte de la violence exercée par le régime et l'apparition de quelques extrémistes au sein de la révolution s'explique par le sentiment qu'éprouvent les Syriens d'être abandonnés par le monde.

Plus la guerre durera, plus cet extrémisme se développera. Pour lutter contre l'extrémisme, il faut donc mettre un terme aux massacres et aux assassinats quotidiens.

Il y a aujourd'hui entre 100 et 200 extrémistes parmi les dizaines de milliers de combattants syriens. Nous n'en avons pas peur, car nous faisons confiance à la société syrienne.

Quant aux Frères musulmans, ils ont adopté un pacte national les engageant à respecter le caractère démocratique et civil de l'Etat, et ils participent, depuis 2005, à des alliances nationales avec les partis laïcs, dans le cadre de la déclaration de Damas mais aussi du Conseil national syrien.

Tout le monde a observé un changement chez les alaouites et d'autres minorités, jusque-là restées silencieuses. L'opposition au régime se développe fortement dans leurs élites et il faut rappeler, car personne ne le sait, que des milliers d'alaouites sont restés pendant des années en prison. Sa Sainteté le Pape a adressé un message très important lorsqu'il a rappelé que la Syrie participe au printemps arabe et qu'il s'agit d'un mouvement en faveur de la liberté et de la dignité.

De son côté, le Conseil national syrien a envoyé des messages aux chrétiens et aux alaouites. S'agissant de ces derniers, nous avons rappelé que ce n'est pas leur communauté dans son ensemble, mais des individus qui sont responsables des actes commis par le régime. Dans les temps qui viennent, nous devrons faire preuve de tolérance et oeuvrer pour la réconciliation nationale en suivant l'exemple donné par l'Afrique du Sud après l'apartheid.

Nul n'ignore ce qui s'est passé à Qardaha, qui est pourtant le berceau de la famille Assad. Les alaouites se mettent à bouger : les mères savent bien que leurs enfants ne meurent que pour permettre à Assad de conserver son siège. La situation change, car tout le monde commence à comprendre qu'il est possible de se débarrasser de ce régime même s'il est en place depuis quarante ans.

En un an et demi de conflit, personne n'a été attaqué parce qu'il était chrétien ou alaouite, et il en est de même pour toutes les autres minorités. Cette révolution a une profondeur nationale très importante. Nous souffrons pour l'avenir de tous.

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