Et encore, tous les calculs de coin de table oublient la durée de vie des installations des énergies renouvelables. Pour développer ces énergies de manière significative, sans remise en cause de nos exigences en termes de continuité de service, il serait nécessaire de relier 30 000 éoliennes pour produire la moitié de la perte induite par la baisse du nucléaire, les fermes photovoltaïques avec 600 kilomètres carrés de panneaux pour produire l’autre moitié et des dispositifs de stockage par des réseaux intelligents, afin de permettre à tout instant l’équilibre entre une offre erratique et intermittente et une demande variable, avec des consommateurs qui seront connectés par des compteurs intelligents. Un tel système induit de l’high-tech, donc de l’électronique, et donc des métaux rares.
Adieu la relocalisation, la production autonome ancrée dans les territoires, la maîtrise par les territoires tant vantée par les défenseurs du modèle des énergies vertes ! La fabrication, l’installation et la maintenance de monstres techniques que sont les éoliennes de 3 ou 5 mégawatts ne sont à la portée que de transnationales s’appuyant sur une organisation mondialisée, une expertise centralisée et mettant en oeuvre des procédés industriels coûteux. Les clients dépendront d’un réseau de fabrication et de distribution de pièces détachées ultratechniques, bourrées d’électronique de puissance complexe à tous les étages. Voilà pourquoi développer le petit éolien serait plus facile et plus écologique.
Toute la contradiction de votre texte est là, madame le ministre. Vous voulez croire que l’écologie de la demande, décroissante, qui prône un développement durable, en considérant que le produit ou le service écologique est celui qui n’utilise pas d’énergie, parce qu’il n’y aura jamais un mode de production ou de consommation totalement vert ou propre, est siamoise d’une écologie de l’offre, la fameuse croissance verte, qui réclame à cor et à cri le remplacement des centrales électriques classiques par des énergies renouvelables. Or, ces deux écologies n’ont rien à voir. L’écologiste de l’offre réclame du gobelet recyclable, l’écologiste de la demande utilise toujours la même tasse pour boire, parce qu’il sait que tout n’est pas recyclable.
Le Conseil constitutionnel devra donc se saisir d’une loi qui affirme tout et son contraire. Ce sera l’occasion de redécouvrir tout l’intérêt d’Aristote, auteur antique vraisemblablement promis à l’oubli avec la prochaine réforme du collège,…