Monsieur le président, madame la ministre, mesdames et messieurs les rapporteurs, chers collègues, nous avons aujourd’hui le plaisir et aussi la responsabilité d’examiner en nouvelle lecture le projet de loi relatif à la transition énergétique, alors que l’on vient d’annoncer que, si le réchauffement climatique se poursuivait à son rythme actuel, le Bangladesh, pays qui se distingue par sa densité record, pourrait perdre jusqu’au tiers de sa superficie du fait du relèvement du niveau de la mer, et voir des millions de ses habitants fuir les ravages de la mousson et des inondations.
De fait, l’exode dans le Sud a déjà commencé. Nous nous préoccupons aujourd’hui du partage de l’accueil des migrants, mais demain nous aurons à affronter ces nouveaux migrants, les naufragés climatiques. Y sommes-nous prêts ?
La fonte des glaciers de l’Himalaya est programmée et inéluctable – comme la fonte des glaciers en général – et elle provoque d’année en année des crues toujours plus fortes. Dans ce contexte dramatique, je tiens à rappeler qu’un Américain produit autant de gaz à effet de serre que quatre-vingt-dix-sept Bangladais, un chiffre que les représentants du Bangladesh ne manqueront pas de rappeler aux pays industrialisés lors de la conférence sur le climat de décembre prochain à Paris, à moins qu’ils ne préfèrent comparer les émissions des Bangladais avec celles des Européens, voire des Français.
Vous l’aurez compris, j’insiste ici sur la nécessité de nous construire une exemplarité, une excellence environnementale – pour reprendre les termes de la conférence environnementale –, pas simplement parce que tous nos espoirs et toutes les attentes se focaliseront sur Paris en décembre prochain, mais aussi et surtout pour les générations futures.
De fait, ce texte a très tôt été désigné comme le vecteur de cette révolution attendue, d’un bouleversement, du changement de cap et de règles nous amenant à consacrer de nouveaux modes de production et de consommation, rien de moins qu’un nouveau modèle de développement.
Mais cette discussion générale me donne l’occasion d’établir un rapprochement – comme vous l’avez fait, madame la ministre, mais il me paraît encore un peu timide aujourd’hui – entre ce texte sur la transition énergétique et celui sur la biodiversité. Nous l’oublions trop souvent, les deux sont liés et il est important pour tous nos concitoyens et tous nos collègues parlementaires de le rappeler.
En effet, la transition énergétique, c’est la lutte contre le changement et le réchauffement climatique. Lorsque je parle du Bangladesh, qui pourrait perdre un tiers de sa superficie, cela représente un problème majeur pour toutes ces populations qui se verraient malheureusement largement diminuées, réduisant la biodiversité humaine – cela vaut aussi, bien entendu, pour d’autres pays.
Quand je parle de la fonte des glaciers ou des calottes glaciaires, ce sont des milliers et des milliers d’espèces animales et végétales qui pourraient disparaître, aggravant ainsi considérablement l’extinction des espèces, et donc les services qu’elles sont capables de nous rendre. Le monde végétal et le monde animal sont en effet extrêmement dépendants des conditions climatiques dont les grandes tendances ont, au fil des siècles, construit nos paysages et développé nos richesses biologiques et donc marqué nos populations, orienté leur mode de vie, leur capacité à résister ici ou là à des fortes températures ou à des zones fortement marquées par la sécheresse.
Ainsi, lutter contre les gaz à effet de serre, ne plus utiliser les énergies fossiles qui les produisent et qui transforment notre climat signifie aussi protéger la biodiversité, dans laquelle j’inclus l’espèce humaine et, évidemment, les générations futures.
La biodiversité peut en effet souffrir des changements climatiques et subir des déplacements massifs d’espèces, voire leur extinction. J’en ai parlé précédemment, la biodiversité, c’est notre capacité à nous nourrir, à respirer un air sain, à lutter contre un certain nombre de maladies que nous ne connaissons que trop bien aujourd’hui. Les conséquences du réchauffement climatique, si nous ne faisons rien, seraient dramatiques sur le plan agricole, sanitaire et hydrique, au niveau de la nature des sols, sans parler de l’économie et, plus essentiel encore, des conséquences humaines. Il est important de le dire, et de rappeler en permanence ce lien.
Au demeurant, la biodiversité peut aussi être utile pour éviter les changements climatiques, par exemple grâce aux forêts, que nous devons préserver – nous sommes extrêmement mobilisés ici sur ce sujet.
Ce texte me donne donc l’occasion de rappeler le lien entre changement climatique et biodiversité. Il faut le dire pour cela soit ancré dans l’esprit de nos concitoyens, et que nous puissions faire, dans ces deux domaines, le maximum pour préserver les générations futures.