Intervention de Alain Leboeuf

Séance en hémicycle du 19 mai 2015 à 15h00
Transition énergétique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Leboeuf :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le président de la commission spéciale, mesdames, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, depuis de nombreuses semaines désormais, nos deux assemblées étudient minutieusement le projet de loi que le Gouvernement nous a soumis et qu’il a choisi d’intituler « transition énergétique pour la croissance verte ».

S’agissant du devenir énergétique de notre pays, sans doute aurions-nous pu davantage co-construire ce texte. Nous aurions dû nous fixer une réelle ambition énergétique pour notre pays en pariant sur un développement économique majeur et une démographie croissante.

Nous sommes, bien évidemment, tous conscients ici que notre pays paie trop cher sa dépendance énergétique encore trop fondée sur les énergies fossiles importées. Nous sommes, en outre, suffisamment avertis pour savoir que nous ne pouvons continuer à déstocker sans limite le CO2 emprisonné depuis des millénaires dans les sous-sols océaniques et continentaux du globe terrestre.

L’urgence énergétique, à partir de laquelle nous aurions dû nous mettre d’accord afin de mieux construire un projet ambitieux d’envergure nationale, aurait dû nos conduire à ne prendre en compte que deux postulats incontestables : la lutte contre les gaz à effet de serre, à l’origine du changement climatique en cours, et la réduction des énergies fossiles importées, qui handicapent lourdement l’économie française et donc le pouvoir d’achat de nos concitoyens.

Ce n’était donc pas d’un texte sur la transition énergétique dont nous avions besoin ; elle est déjà très largement entamée, nous avons été plusieurs à le faire remarquer. Il nous fallait un texte sur la stratégie énergétique de la France qui puisse redonner un nouveau souffle à cette transition, de nouvelles ambitions et donc un nouvel élan pour les acteurs économiques de notre pays et pour l’ensemble des ménages français.

Or plutôt que d’opter pour le pragmatisme qui aurait recueilli un très large assentiment du pays, vous êtes tombés dans le piège de l’idéologie en visant un autre objectif qui touchera directement le porte-monnaie des Français, à savoir la dénucléarisation de notre pays !

Mais en visant à la fois la décarbonisation de nos énergies et la diminution accélérée de la part d’électricité bon marché produite à partir de l’uranium, nous allons mettre à mal le pouvoir d’achat des Français et la compétitivité de nos entreprises, notamment avec la CSPE, dont le montant explose et dont vous ne savez plus sur quelles bases appuyer son financement.

Mais pour en revenir très concrètement au texte que vous proposez à notre assemblée d’amender, j’insisterai sur plusieurs points particuliers qui me tiennent à coeur.

Le premier concerne les transports propres. Vous le savez, madame la ministre, en Vendée par exemple, nous travaillons au développement du véhicule électrique en milieu rural. Déjà 89 bornes de recharge sont installées sur l’ensemble du département avec un objectif de 350 d’ici à la fin 2016, évitant ainsi toute zone blanche, même si l’arrivée du plan de déploiement Bolloré perturbe profondément l’enthousiasme collectif fondé sur des solidarités entre les communes les plus petites et les plus grosses – mais ce n’est pas le sujet aujourd’hui.

Parallèlement à ce plan qui vise plutôt les véhicules légers, nous expérimentons depuis le début de ce mois le premier car intercités en France, alimenté à partir de bio-méthane produit localement.

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