Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le président de la commission spéciale, mesdames, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, personne ne s’y trompe : ce texte est fondamental et il est très attendu, au premier quart de ce premier siècle du nouveau millénaire.
Je suis de ceux qui pensent que la France a un rôle considérable à jouer et vous ne vous y êtes pas trompée, madame la ministre, en engageant toutes vos forces dans cette bataille. Je pense en effet que le pétrole a fait son temps – il va durer, bien sûr, espérons-le, mais on commence à voir qu’il fatigue et il est décidément source de trop de guerres : ce n’est pas de cela que nous avons besoin pour nos enfants.
Le nucléaire est certes indispensable – et j’apprécie donc que vous y recouriez sans inquiétude excessive –, car tout le monde veut quand même pouvoir se chauffer et se déplacer, mais le moment est venu, particulièrement pour la France, qui a souvent été novatrice, qui a fait passer de grandes idées et qui a été inspiratrice, de saisir les nouvelles possibilités qui s’offrent, qu’il s’agisse du soleil, à propos duquel on n’a pas beaucoup progressé, mais auquel de nombreux experts s’accordent à reconnaître d’énormes possibilités, ou des marées. Afin de ne pas parler trop longtemps, je passerai rapidement sur ces sujets, à propos desquels j’avais cependant prévu de briller un peu.
Les efforts dans ces domaines ne produiront pas immédiatement de résultats, mais si nous convoquons l’intelligence française et si nous y mettons les moyens et l’énergie dont ce peuple est capable, nous pouvons réussir et, si nous réussissons, nous donnerons des idées à nos frangins européens et au monde entier. Ce sera alors un grand projet d’écodéveloppement à l’échelle de la planète, propre à rétablir un commerce équitable et durable, porteur de paix. Je vous suis donc sur ce plan : le texte est au niveau des enjeux auxquels nous devons faire face.
Pour ce qui est de la conférence de Rio – j’ai assisté à celle de Lima –, il ne faut pas bercer nos compatriotes d’illusions, car ni le monde ni la France ne sont prêts. Nous allons faire beaucoup de déçus, car les Américains ne voient pas du tout les choses comme nous – ce serait bien la première fois, du reste – et les pays émergents non plus, sans parler de la Chine. De fait, nous ne sommes pas d’accord sur grand-chose à propos du réchauffement de la planète.
Il faut cependant reconnaître que les malheurs humains n’ont malheureusement pas attendu le réchauffement de la planète : tous ces pauvres hommes et femmes, ces corps humains que nous recevons sur nos rives depuis quelques années déjà, cela n’a rien à voir avec le réchauffement de la planète. J’imagine ce que cela sera quand ces populations seront concernées. Quoi qu’il en soit, nous avons, hélas, déjà fait beaucoup de mal sans le réchauffement de la planète.
Madame la ministre, je vous connais depuis nombreuses années. Ce serait bien que, devant ce grand projet, qui est à votre dimension et à celle de la France, vous acceptiez l’idée que vous pourriez trouver beaucoup de soutiens et d’appuis auprès de la France profonde en levant un peu le pied sur de nombreuses tracasseries inutiles. Ce n’est pas chez nous, en effet, je vous l’assure, que se prépare le réchauffement du climat.
L’hydroélectricité, source d’énergie renouvelable et douce, n’est pas toujours encouragée comme elle devrait l’être. Ce serait une grande source de richesse et de développement pour nos communes, mais on ne peut pas le faire, parce que tout s’y oppose.
J’évoquerai rapidement le renouvellement des grandes concessions hydroélectriques : il est dommage que nos communes et intercommunalités ne puissent pas prélever une petite part aux côtés de l’État, car cela nous permettrait de déposer de vrais projets de développement durable, avec le concours notamment de la Caisse des dépôts et consignations et de la nouvelle banque qui a vu le jour.
Enfin, il faudra également réfléchir au renouvellement de nos réseaux d’eau potable et d’assainissement car, pour l’instant, il n’y a plus de financements du Fonds national pour le développement des adductions d’eau – le FNDAE –, peu des conseils généraux et pas beaucoup de l’État, et peu de maîtres d’ouvrage. Il faut donc penser à cette question, mais je sais que vous savez le faire, madame la ministre.
OK, donc, pour le grand projet. Il est bon que la France prenne l’initiative mais, si vous pouvez convaincre ceux qui ont confiance en vous qu’il faut relâcher un peu, vous trouverez beaucoup d’appuis pour ce grand et beau projet, car ce n’est pas chez nous que le mal se fait.