Les deux crises que vous évoquez se sont subitement réchauffées lors de l'été 2014, avec, dans les deux cas, une dislocation de l'État et des risques de partition des pays, qui ont progressivement sombré dans le chaos.
S'agissant de la crise libyenne, je rappelle qu'elle avait été présentée par le Président de la République, lors de la Conférence des ambassadeurs d'août dernier, comme la priorité de la diplomatie française – même si nous avons eu entre-temps l'émergence de la menace de Daech et l'engagement français dans la force Chammal en Irak. Elle demeure prioritaire pour nous.
La situation sur le terrain s'est totalement dégradée depuis l'été dernier et la partition du pays, avec un parlement et un gouvernement à Tripoli et un parlement et un gouvernement à Tobrouk-Beida, ainsi que des combats incessants entre les deux camps.
Les groupes djihadistes ont profité de cette situation de chaos pour renforcer leur présence dans le pays et leurs exactions. En plus de la présence traditionnelle d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et d'Al-Mourabitoune, ainsi qu'Ansar al Charia à Benghazi, sont apparus plus récemment Daech ou des groupes s'en revendiquant.
La menace terroriste, qui était jusqu'à l'été dernier limitée au Sud libyen et à Benghazi et Darnah, est aujourd'hui omniprésente sur le territoire, avec notamment une présence importante de Daech à Syrte et des attentats revendiqués par cette organisation à Tripoli. Cette menace est donc devenue globale et s'est déplacée du sud vers la zone côtière.
Je rappelle que Daech a commis des attentats spectaculaires au travers de l'assassinat d'une vingtaine de coptes égyptiens et d'une trentaine de chrétiens éthiopiens et érythréens depuis le début de l'année.
À Benghazi, il y a une volonté du camp de Tobrouk mené par le général Haftar de reprendre le contrôle de la ville ; les combats se poursuivent sur place entre les milices d'Ansar al-Charia et l'opération « Dignité » de ce dernier. À Darnah, la situation est plus contrastée, avec une présence manifeste de Daech et la difficulté du camp de Tobrouk à reprendre la main sur la ville. Et à Syrte, ce sont les milices de Misrâtah, associées à l'opération « Aube de la Libye » – qui tient Tripoli – qui ont engagé depuis quelques semaines des opérations contre Daech : le camp de Tripoli prend donc également sa part dans la lutte antiterroriste.
L'atmosphère reste globalement tendue dans le pays, notamment en Tripolitaine : il y a toujours des affrontements entre les milices des deux camps, notamment au sud de Tripoli, à Gharian, même si des pourparlers seraient en cours entre « Aube de la Libye » et les forces loyales à Tobrouk pour essayer de calmer le jeu.
Il y a eu ainsi une série de bombardements aériens menés par les forces du général Haftar contre « Aube de la Libye », notamment un bombardement particulièrement dommageable au processus politique puisqu'il a eu lieu la veille de la reprise des pourparlers de Rabat, en avril, et visé l'aéroport duquel partait pour cette ville la délégation de Tripoli. On n'est donc pas à l'abri de provocations des deux camps pour « torpiller » ce processus, les éléments de perturbation se trouvant essentiellement dans les forces armées, le général Haftar d'un côté et certaines milices radicales de l'autre.
Du point de vue humanitaire, il y aurait aujourd'hui environ 500 000 personnes déplacées par les violences selon l'ONU et 100 000 autres seraient réfugiées à l'étranger depuis l'été 2014. Selon les Nations Unies, on estimerait entre 200 000 et 300 000 le nombre d'individus armés dans le pays, forces armées et milices confondues – dotés au surplus d'armements importants. Par rapport à une population globale de 6 millions d'habitants, cela est considérable.
Sur le plan économique, on a assisté ces derniers mois à l'effondrement de la production pétrolière, qui est passée d'1,5 million à 400 000 barils par jour ; Total ne conserve plus que ses activités off shore. Par ailleurs, les réserves de la banque centrale s'épuisent : certains rapports, notamment de la Banque mondiale, estiment qu'elles seraient taries d'ici quatre ans ; pour les États-Unis, ce serait le cas d'ici seize à dix-huit mois.
Le délitement de l'État libyen profite aussi aux trafiquants d'êtres humains. Les drames observés ces derniers jours au large des côtes libyennes et italiennes constituent le sujet d'actualité le plus brûlant, de même que l'afflux massif –– de réfugiés subsahariens, mais aussi syriens, sur les côtes italiennes dans un contexte d'accalmie climatique. Nous pourrions assister dans les prochains mois à un afflux sans précédent si rien n'est fait pour y remédier.
Sur le plan politique, des efforts ont été engagés par les Nations Unies dès l'été dernier pour mettre fin à la division du pays et proposer une solution politique inclusive. La conviction de cette organisation, partagée par la quasi-totalité de la communauté internationale, notamment la France, est qu'il n'y aura pas de solution militaire à cette crise, qui ne pourra être résolue que par un accord politique entre les parties. Ceux qui pouvaient penser l'été dernier que l'opération « Dignité » du général Haftar allait pouvoir rapidement mettre fin à l'occupation de Tripoli par les milices se trompaient : celui-ci n'a pas les moyens aujourd'hui de reprendre Tripoli par la force. C'est donc bien par un dialogue entre toutes les parties que nous arriverons à sortir la Libye du chaos.
Nous sommes à la croisée des chemins. Bernardino Leon, le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, a fait face à des phases d'optimisme et de pessimisme. Nous sommes aujourd'hui dans une phase plutôt optimiste : des pourparlers ont été engagés très sérieusement depuis le début de l'année et toute une série de sessionsde négociations a eu lieu à la fois à Rabat et à Alger avec l'ensemble des parties.
Bernardino Leon a joué son rôle de facilitateur et fait des propositions. La dernière d'entre elles a été soumise aux parties le 27 avril. Ce projet d'accord prévoit notamment la formation d'un gouvernement de concorde nationale, qui serait l'unique détenteur du pouvoir exécutif. La particularité de ce gouvernement est qu'il serait dirigé par un conseil présidentiel, – présidé par un premier ministre, assisté de deux vice-premier ministres et deux ministres –, qui aurait vocation à prendre des décisions à l'unanimité sur un certain nombre de sujets stratégiques.
Est prévue la création d'un haut conseil d'État, de cent membres, qui aurait une vocation surtout consultative
alors que a chambre des représentants de Tobrouk, qui a été élue au printemps dernier, resterait le principalorgane législatif.
Par ailleurs, l'Assemblée constituante serait maintenue en place et devrait proposer une nouvelle constitution pendant la période transitoire de deux ans, à l'issue de laquelle seraient organisées des élections visant à élire la nouvelle Chambre des représentants.
Les deux parties examinent actuellement ce projet. Si Bernardino Leon leur avait donné le 3 mai comme date limite pour recevoir leurs commentaires, on espère que le parlement de Tobrouk, qui est actuellement en réunion, pourra donner son accord sur ce projet demain ou après-demain. À ce stade, il lui conviendrait, les remarques exprimées par certains parlementaires étant mineures.
C'est plus compliqué du côté du Congrès général national. Il y a eu une première réaction immédiate après le 27 avril du négociateur de Tripoli, qui a rejeté le « paquet ». Mais celui-ci fait encore l'objet d'un débat. Il y aurait notamment des divisions entre la frange dure du Congrès Général National (CGN) de Tripoli et Misrâtah, encline à signer ce « paquet ». On attend la position du Congrès dans les prochains jours.
L'objectif de Bernardino Leon est de pouvoir réunir dès que possible les deux camps à nouveau à Rabat pour finaliser l'accord et entamer des discussions sur les différents volets – le nom des personnes composant le conseil présidentiel ainsi que le volet sécuritaire. À cette fin, il souhaite réunir à Rome dans les prochaines semaines les groupes armés – auxquels, selon lui, appartiennent l'opération « Dignité » d'Haftar comme les milices de Tripoli – et obtenir un accord des chefs tribaux, qu'il réunirait au Caire d'ici la fin du mois pour renforcer la légitimité du « paquet ».
Je dirais qu'on est dans une situation un peu meilleure qu'il y a trois mois, mais rien ne garantit que l'accord pourra être signé avant le ramadan, qui commence vers le 18 juin. Or, si on attend, le risque est que les deux camps cherchent à gagner du temps, notamment le CGN, dans l'attente de l'expiration du mandat de la Chambre des représentants en octobre.
Dans ce contexte de course contre la montre, nous nous mobilisons à plusieurs niveaux.
Notre première priorité est d'aider Bernardino Leon. Depuis plusieurs mois, nous sommes en contact avec les parties régionales les plus directement impliquées. La crise libyenne est en effet aussi une crise régionale, qui oppose globalement l'Égypte et les Émirats d'un côté, soutenant le camp de Tobrouk, à la Turquie et au Qatar de l'autre, soutenant celui de Tripoli. Nous essayons de passer des messages aux uns et aux autres, ayant de bonnes relations avec l'ensemble de ces pays. Encore aujourd'hui, à Ryad, le Président de la République a rappelé, dans le cadre du Conseil de coopération des États arabes du Golfe (CCEAG), où siègent les Émirats et le Qatar, l'importance de passer les bons messages à toutes les parties en Libye, pour qu'elles fassent preuve de responsabilité dans cette dernière ligne droite de la médiation Leon.
Nous le faisons à titre national, mais aussi avec nos partenaires, américains, britanniques, européens. Une série de formats de concertation a ainsi été mise en place à l'automne pour soutenir la médiation Leon afin de faire passer des messages à de multiples niveaux.
Ces messages sont globalement entendus, même si nous ne sommes pas à l'abri de calculs ou d'arrière-pensées des uns et des autres. Il est donc important de maintenir une pression amicale sur l'ensemble de ces pays.
Par ailleurs, nous travaillons beaucoup avec d'autres pays de la région directement concernés et jouant un rôle de facilitateur auprès de Bernardino Leon, notamment le Maroc et l'Algérie, mais aussi la Tunisie – qui accueille une forte communauté libyenne –, ainsi que le Tchad ou le Niger, qui ont beaucoup de contacts avec les tribus du sud. Nous essayons ainsi de construire un consensus autour de la médiation Leon.
Nous travaillons aussi à New York avec nos partenaires du Conseil de sécurité pour tenter d'utiliser au mieux celui-ci dans cette affaire, en liaison avec Bernardino Leon – en ce moment, par exemple, sur des listes de personnalités libyennes que nous pourrions placer sous sanction pour avoir entravé les efforts des Nations Unies.
Nous oeuvrons enfin avec nos partenaires à la crédibilisation de l'accord. Celui-ci ne peut être crédible que si la communauté internationale joue enfin pleinement son rôle dans l'accompagnement de sa mise en oeuvre. Cela passe par des programmes classiques de renforcement de l'état de droit, mais aussi par un accompagnement sur les arrangements de sécurité, pour que le gouvernement de concorde nationale qui émergera de l'accord ne tombe pas en quelques semaines sous les attaques des terroristes de Daech ou des détracteurs des deux camps.
Cette action est difficile car les Libyens sont réticents à toute présence internationale sur leur sol. Bernardino Leon mène un travail de pédagogie auprès des parties pour voir comment mettre en place une force de surveillance et de vérification de l'accord, à la fois suffisamment solide, pour ne pas être illégitime et exposée, et suffisamment modeste, pour ne pas apparaître comme une force d'occupation. Nous sommes en discussion avec nos partenaires européens, américains et régionaux à ce sujet, sachant qu'il n'y a pas de modèle idéal d'accompagnement de l'accord.
Nous pouvons, pour notre part, renforcer le programme de bourses que nous avons maintenu avec la Libye pour former les hauts fonctionnaires libyens, au travers de l'École nationale d'administration (ENA). De même, nous pourrions élargir le programme de formation des policiers à celle des forces spéciales libyennes. Cela a son importance car, à partir du moment où l'accord sera signé, on ne pourra pas attendre six mois avant de prendre les décisions et d'être sur le terrain au côté du gouvernement libyen.
Troisième volet d'action de la France : celle menée dans les pays voisins. Nous sommes présents sur place à travers l'opération Barkhane – avec 3 000 hommes sur le flanc sud libyen –, qui constitue une ceinture de sécurité pour les pays voisins et une force de dissuasion, qui n'a pas vocation à intervenir en Libye. Elle permet ainsi de contenir la crise libyenne.
Nous travaillons aussi avec la Tunisie pour renforcer ses forces de sécurité – Béji Caïd Essebsi était en visite d'État en France début avril et le ministre Bernard Cazeneuve s'est rendu à Tunis au lendemain du terrible attentat du Bardo pour déployer une feuille de route de renforcement de la coopération sécuritaire avec ce pays. Celui-ci apparaît au plan sécuritaire comme le maillon faible de la région et l'État le plus exposé aux retombées de la crise libyenne, à la fois par la menace terroriste qu'il subit – beaucoup de Tunisiens étant dans les rangs de Daech en Irak et en Syrie, certains passant par la Libye pour s'entraîner – et les conséquences humanitaires. La crise libyenne s'aggravant, la Tunisie est en effet le réceptacle de réfugiés libyens – qui représenteraient environ 10 % de sa population – ce qui risque de déstabiliser ce pays.
Quant au Yémen, il est plus loin – certains diront moins prioritaire. Il est vrai que la France ne peut être en première ligne sur tous les fronts, d'autant que la présence anglo-saxonne y est plus forte historiquement. Cela dit, nous sommes directement impliqués du fait de l'investissement considérable de Total, qui représente plus de 6 milliards d'euros, alors que sa production pétrolière et gazière correspond à quasiment 40 % des recettes budgétaires yéménites.
Nous avons ainsi toujours été engagés dans la crise yéménite par notre présence au Conseil de sécurité et notre participation au G10, qui regroupe les cinq membres permanents du Conseil ainsi que ceux du CCEAG, qui a servi d'appui à la transition politique yéménite.
La séquence de transition politique engagée en janvier de la même année, après la conférence de dialogue national, a été interrompue en septembre 2014 par la prise de la capitale, Sanaa, par les rebelles Houthis, qui ont leur fief à Sa'dah, dans le nord. Ceux-ci appartiennent à un groupe politique – le mouvement Ansar Allah – et se présentent comme les représentants de la communauté zaïdite, même si tous les membres de celle-ci n'en font pas partie. Je précise que la crise yéménite n'a, jusqu'à récemment, jamais eu de dimension confessionnelle.
Un premier effort a été mené par Jamal Benomar, Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le Yémen, qui a permis la signature d'un accord de paix le 21 septembre dernier entre le gouvernement du président Hadi et les Houthis, ainsi que la désignation d'un Premier ministre en octobre. Mais des tensions sont rapidement réapparues : il y a eu des blocages sur le partage du pouvoir, la question de la fédéralisation, et, en janvier dernier, les Houthis ont réalisé un nouveau coup de force à Sanaa et placé en résidence surveillée le président Hadi, l'obligeant à démissionner, ainsi que le premier ministre Baha. Ils ont ensuite poussé leur avantage en progressant vers le sud, vers Ta'izz et Aden.
C'est face à ce qu'elle considérait comme un risque de déstabilisation majeur de la péninsule, par la prise d'Aden et le contrôle du détroit de Bab-el-Mandeb, que l'Arabie saoudite a décidé d'intervenir le 26 mars au travers de l'opération « Tempête décisive ». Le but de celle-ci, qui était de stopper l'avancée des Houthis, a globalement été atteint, le gouvernement du président Hadi s'étant par ailleurs réfugié en Arabie saoudite. Le 22 avril, les Saoudiens sont passés à une nouvelle phase au travers de l'opération « Restaurer l'espoir », notamment en marquant leur souhait de répondre à la situation humanitaire, qui est de plus en plus alarmante.
Évidemment, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) a profité du chaos pour prendre des gages et s'emparer de la ville de Moukallà – avec son aéroport et sa base militaire – et on peut redouter son renforcement en effectifs et en armements.
Je précise que le Yémen n'est pas aujourd'hui une terre d'attraction des combattants étrangers, pas plus d'ailleurs que la Libye, en dehors des combattants tunisiens dont j'ai parlé. La pompe aspirante en la matière est bien la Syrie. Reste qu'en Libye, la situation pourrait dégénérer à l'occasion d'un reflux de Daech en Irak et en Syrie, qui pourrait provoquer le déplacement d'une partie de ses effectifs vers ce pays.
La situation humanitaire est totalement détériorée : les ONG et les Nations Unies tirent la sonnette d'alarme. Le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) indique qu'il y a eu plus de 1 200 morts et 5 000 blessés depuis le déclenchement de l'opération militaire et l'ONU estime à plus de 12 000 le nombre de déplacés internes, principalement à Sanaa. Le nombre de réfugiés à l'étranger serait quant à lui de 12 000 à 15 000, dont environ 5 000 à Djibouti.
La difficulté tient à l'approvisionnement du pays en raison des bombardements d'artillerie effectués par les Houthis notamment à Aden et du blocus naval et aérien mis en place par la coalition dirigée par l'Arabie saoudite. Or il n'y a plus de médicaments, les vivres sont insuffisants et il y a un problème d'approvisionnement en pétrole, tout le système électrique yéménite risquant de tomber en faillite. Face à cette situation d'urgence, l'Arabie saoudite a décidé de répondre hier sous la forme d'un communiqué annonçant des pauses humanitaires et la création de zones de sécurité où les combats seraient interrompus pour permettre l'acheminement de l'aide. On n'a pas encore de précisions sur les modalités de mise en oeuvre de cette décision, qui devrait être endossée par le Conseil de sécurité.
Comme pour la Libye, il n'y a pas de solution militaire à cette crise, qui trouve son ressort dans les frustrations de telle ou telle communauté, la mauvaise gouvernance, les difficultés économiques ou sociales et les rivalités régionales. Il s'agit d'une crise d'abord politique, dans laquelle les Houthis ont profité de l'affaiblissement de l'État pour prendre des gages afin de renforcer leur influence sur le pouvoir central, leur capacité économique et leur territoire d'influence.
La sortie de crise implique plusieurs facteurs. D'abord, conformément à la résolution 2216 du Conseil de sécurité des Nations Unies, que nous avons coparrainée, un cessez-le-feu, qui implique que les Houthis mettent fin à leur offensive, en particulier à Aden, et se retirent des villes – condition importante, mentionnée comme une ligne rouge par l'Arabie saoudite et la coalition. Deuxièmement, que les parties acceptent de revenir à certains fondamentaux : l'Initiative du Golfe, les Conclusions du dialogue national, et qu'elles puissent se retrouver autour d'une même table. L'Arabie saoudite propose que le président Hadi, qui reste légitime, les accueille à Ryad le 17 mai pour reprendre le dialogue national. Les Nations Unies viennent par ailleurs de nommer un nouveau conseiller du secrétaire général, M. Ismail Ould Cheikh Ahmed, qui est mauritanien et est connu et respecté par l'ensemble des parties yéménites – il sera reçu demain à Paris.
Nous allons favoriser le processus de consultation des différentes parties par les Nations Unies et, parallèlement, apporter notre soutien à l'initiative de Ryad de réunir les parties yéménites autour du président Hadi et du vice-président Bahaa, qui est globalement respecté par celles-ci.
On peut difficilement faire de pronostics sur les prochaines étapes. La France est engagée à New York sur la problématique de l'accompagnement de la sortie de crise et les solutions humanitaires, de même que dans la région – la participation du Président de la République au somment du CCEAG aujourd'hui a été une première de la part d'un chef d'État occidental. La France participe également sur le terrain, de manière discrète, par des échanges d'information, à l'action de la coalition. Nous avons d'ailleurs deux officiers dans l'état-major de celle-ci à Riyad et lui communiquons notamment des images satellitaires – sans être engagés militairement sur le plan naval ou aérien.