Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du 20 mai 2015 à 15h00
Transition énergétique — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

C’était vraiment remarquable, monsieur le président ! Vous avez le doigté, et tout ce qu’il faut… Cela étant, s’agissant de cet article 2 qui concerne les politiques publiques en matière d’environnement, je voulais m’attacher, pour les secondes qui me restent, à ses aspects réglementaires.

Hier, j’ai eu l’occasion de dire ce que je pensais que la France pouvait imaginer pour ce grand projet d’avenir que peut être la reconversion énergétique, à condition que nous la conduisions bien. Ce pourrait être un projet dans lequel nous pourrions assumer à nouveau un certain leadership national. Mais j’ai précisé à Mme la ministre qu’il fallait alors un appui fort de la population, en particulier de ceux qui sont aujourd’hui les plus touchés par des mesures agro-environnementales qui n’ont, il faut bien le dire, ni queue ni tête.

Je pense notamment aux fameux SDAGE, schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux. Nos cours d’eau font l’objet d’un suivi millimétré de la part de personnes certainement très qualifiées mais qui ont complètement mis de côté ceux qui avaient l’habitude de s’en occuper depuis quelques décennies, dans l’esprit d’une tradition vieille parfois de plusieurs siècles. Résultat des courses : nos cours d’eau sont tellement plein de cailloux et de vase qu’ils arrivent quasiment au niveau des routes et des maisons avoisinantes. Quel débit peut-on avoir dans un cours d’eau archiplein ?

En outre, il n’y a plus aucun entretien des berges. En effet, il est absolument interdit, bien entendu, de couper une branche d’arbre ou même d’ôter une feuille. Par conséquent, nous avons un réseau hydraulique en très mauvais état, du sommet des montagnes jusqu’à la mer en passant par les villes, et chaque fois qu’il y a des intempéries, comme encore tout récemment, cela cause des catastrophes absolues dans les villes traversées par ces cours d’eau.

Il n’y a plus de paysans pour entretenir les campagnes. Maire, je les voyais encore il y a quelques années : dès qu’un arbre tombait, tous les voisins se précipitaient aussitôt. C’était même à celui qui en prenait possession le premier pour se chauffer ! Maintenant, il n’y a plus personne. Tout s’accumule, tout s’amoncelle, il y a des embâcles, et lorsque cela se passe à Oloron-Sainte-Marie ou à Pau, cela cause des désastres absolus qui coûtent très cher. Il y a même des territoires qui sont encore plus touchés, et notamment le Pays basque, dont j’ai l’honneur d’être le député. Si les cours d’eau avaient été entretenus, nous aurions pu réviser au moins de moitié la facture des inondations de l’an dernier dans cette région.

Je tenais à en parler car même si cela paraît relever du simple bon sens, force est de constater que ce n’est plus le cas aujourd’hui. Sans compter que nous sommes zonés de toutes parts. Bien sûr, pas dans les Landes, monsieur le secrétaire d’État, parce que vous avez été assez subtil, avec M. Emmanuelli, pour passer à côté de l’écueil, nous laissant à nous, Basques et Béarnais, le soin d’accueillir toutes les réglementions d’Europe et du monde…. Nous avons des ZNIEFF – zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique – des ZICO – zones importantes pour la conservation des oiseaux – et autres zones Natura 2000, plus sympathiques les unes que les autres…

On ne peut dans ces conditions plus rien entreprendre. Sans parler bien entendu des parcs nationaux : on aurait pu faire de chouettes choses, depuis leur création en 1960, si on n’avait pas adopté le système américain ! Mais forcément, là-bas, ils peuvent se permettre d’exploiter une mine à ciel ouvert de nickel ou un puits de pétrole tout en disposant, trois kilomètres plus loin, d’un million d’hectares pour faire un parc national, géré par trois acteurs d’opérette, l’un habillé en chasseur, l’autre en trappeur et le troisième en garde-moniteur ! La France, bien qu’étant un pays vaste, est tout de même plus restreinte que les États-Unis.

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