Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le rapporteur, chers collègues, être « benevolus » ou « bienveillant », comme nous l'ont enseigné nos cours de latin, voici un objectif que nous partageons tous sur les bancs de cet hémicycle. En tant que députés et, pour certains d'entre nous, qu'élus locaux, nous louons le bénévolat à chaque fois que nous en avons l'occasion.
À quoi, en effet, ressemblerait notre France, sans ses bénévoles, et particulièrement sans ses bénévoles anonymes ? Assurément, à un pays qui tourne le dos au plus noble des engagements, le don gratuit : don de temps, don de compétences, et parfois don tout court, au nom de l'altruisme. Dans une société décrite comme toujours plus individualiste, les bénévoles sont suffisamment rares pour nous être chers. Les valoriser et les considérer, tel est l'objectif de la proposition de loi de notre collègue Jean-Charles Taugourdeau, que le groupe Rassemblement-UMP votera sans aucun état d'âme.
Consacrer du temps à des engagements d'intérêt collectif et aller à la rencontre de l'autre, ce sont deux des trente-deux engagements du pacte civique, auquel je ne doute pas que vous souscrivez, chers collègues de la majorité. À cet égard, nous avons eu la chance d'accueillir à Vitré, jeudi dernier, les « ateliers du vivre-ensemble et de la fraternité ». Jean-Baptiste de Foucauld a eu l'occasion de nous rafraîchir la mémoire et de saluer les actions concrètes menées par de nombreuses associations dans ma circonscription, ainsi que dans d'autres.
Quelle est la réalité du bénévolat aujourd'hui ? S'il constitue une vraie force pour notre société, particulièrement en cette période de crise, il présente aussi des faiblesses, auxquelles il convient de remédier. Le bénévolat, le rapporteur l'a rappelé, ce sont 16 millions de personnes et 1,3 milliard d'heures d'intervention par an, qui, si elles étaient valorisées, représenteraient 12 à 17 milliards d'euros, soit 1 % du PIB.
Les menaces, nous les connaissons : le vieillissement des bénévoles et le risque de non-renouvellement, le « zapping associatif », la difficulté, à certains moments de la vie, de concilier engagements professionnel et personnel.
La question qui est donc posée au législateur – parce que la représentation nationale est tout à fait fondée à se saisir de cette question – est la suivante : comment faire pour pérenniser le bénévolat, d'abord, puis pour le conforter et, si possible, l'amplifier ? Considérons l'état de nos finances publiques, nos débats sur le financement de la protection sociale, notre besoin sans précédent de lien social, et affirmons que c'est une chance pour notre pays que de pouvoir compter sur la générosité des Français, et particulièrement des jeunes. Toute initiative tendant à reconnaître l'engagement bénévole devrait bénéficier de notre soutien collectif. Si ces initiatives sont nombreuses, vous l'avez rappelé, madame la ministre, elles ne revêtent pas toujours la même force symbolique.
En tant que membre de la commission des affaires sociales, je n'ai pas pu participer aux débats que vous avez menés, chers collègues, au sein de la commission des affaires culturelles et de l'éducation le 28 novembre dernier. J'ai néanmoins pris connaissance de vos déclarations respectives. Alors que je m'attendais à un débat consensuel, j'ai été frappée par la teneur de certains propos. Prendre prétexte d'une proposition de loi visant à valoriser le bénévolat pour fustiger, voire caricaturer une nouvelle fois et sans fondement, le bilan de la majorité qui vous a précédés…