Intervention de Laurent Furst

Séance en hémicycle du 6 décembre 2012 à 15h00
Création d'une médaille d'honneur du bénévolat — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Furst :

Dans nos communes, dans nos territoires, nous sommes nombreux à nous rendre aux manifestations, aux rencontres sportives, culturelles, sociales, voire cultuelles, organisées par nos associations. J'en suis certain, chacun d'entre nous participe à plusieurs assemblées générales par an.

Nous pouvons tous témoigner de ce que la société doit à la vie associative : le fait d'être ensemble, de permettre à des millions de Français de se socialiser, de partager, d'apprendre aux plus jeunes générations à respecter une règle, un arbitre, notamment à travers la vie sportive.

Nous avons du mal à nous entendre sur les chiffres, les données sont un peu éparses, mais notre beau pays compterait 1,3 million d'associations en activité relevant de la loi de 1901, mais aussi de la loi d'Empire de 1908 pour les départements d'Alsace et de Moselle, et ce nombre ne cesse, semble-t-il, de s'accroître.

Cette vitalité associative fédère plus de 18 millions de Français qui, de façon désintéressée, consacrent régulièrement du temps pour animer les associations. Aujourd'hui, quatre associations sur cinq fonctionnent exclusivement avec des bénévoles. Mais il ne faut pas oublier les salariés des associations, qui représentent près de 8 % de l'emploi en France et qui, par leur professionnalisme, participent au développement de ce monde si important.

La vie associative est une richesse. Elle constitue aussi le creuset de notre démocratie : parmi les plus de 500 000 élus que comptent nos assemblées municipales, nombreux sont celles et ceux choisis à la base pour la qualité de leur engagement associatif. Les associations sont essentielles à l'exercice de la démocratie et au développement des solidarités.

Pourtant, cette richesse est en danger. Certes, le nombre d'associations ne diminue pas, le nombre de membres d'associations non plus, mais le problème est ailleurs.

Aujourd'hui, et cela n'est qu'un constat personnel très empirique, le nombre de bénévoles dirigeants ou encadrants décline, et leur âge moyen augmente. En clair, beaucoup de gens adhèrent mais de moins en moins s'engagent pour prendre des responsabilités au sein de ces structures.

Je n'ai, à titre personnel, pas de solution et je ne crois pas, comme cela a déjà été évoqué, à l'hypothèse de l'instauration d'un crédit d'impôt ou d'un avoir fiscal pour les bénévoles associatifs. En revanche, améliorer la sécurité juridique de celles et ceux qui s'engagent dans la vie associative me semble être un impératif.

Le texte de notre collègue Jean-Charles Taugourdeau s'inscrit dans une logique de soutien nécessaire à la vie associative. Il s'agit d'un texte simple, qui laisse la main au Gouvernement pour l'attribution des distinctions. Il complète, par un dispositif nouveau, un véritable manque au regard de la liste des principales médailles civiles officielles en France.

Aujourd'hui les bénévoles associatifs sont peu distingués. Ils sont les grands oubliés de l'Ordre national du Mérite ou de la Légion d'honneur. En instaurant une médaille de même rang que la médaille du travail, la représentation nationale soulignerait l'intérêt qu'elle porte à la vie associative en mettant en exergue son rôle fondamental pour la société. Elle le ferait à un moment où la vie associative a du mal à se renouveler face à la montée de l'individualisme. Elle le ferait à un moment où, face à la crise économique, les relais sociaux sont plus nécessaires que jamais.

Le dispositif proposé est également très peu onéreux pour la collectivité.

Pour toutes ces raisons, je tiens ici à remercier notre collègue, Jean-Charles Taugourdeau, pour la qualité de son travail et pour la proposition de loi qu'il nous soumet. Elle est de nature à soutenir et à valoriser celles et ceux qui s'engagent le plus : responsables associatifs, encadrants, éducateurs et formateurs. Qui peut s'opposer à ce qu'un bénévole, ayant consacré vingt, trente, trente-cinq ou quarante ans à un engagement, puisse être honoré par la République ?

Ces concitoyens ne sont ni de droite, ni de gauche. Ils sont utiles à notre société. Ils sont l'honneur de notre société. Ils sont les fantassins du nécessaire et les grognards du quotidien.

Mes chers collègues, faisons fi des polémiques. Nous pouvons ici, dans cet hémicycle, nous faire mille reproches les uns aux autres. Mais est-il bien utile aujourd'hui de relancer les débats sur des subventions versées à telle ou telle association pendant la précédente législature ? Nous verrons bien ce qu'il en est au terme de celle-ci.

Le débat n'est pas là et la vie associative ne se réduit certainement pas à cela. En revanche, le débat peut se résumer ainsi : comment honorer celles et ceux qui donnent tant ? Comment faire en sorte qu'ils puissent être des modèles reconnus par la République ? Comment encourager celles et ceux qui pourraient avoir envie de baisser les bras ? Comment pousser à s'engager celles et ceux qui ne l'ont pas encore fait ? Voilà des questions simples.

La proposition de notre collègue n'est pas un aboutissement. Elle est un temps, elle est une étape, elle est une marche de l'escalier que nous devons construire pour soutenir, encourager et porter la vie associative.

La France n'a pas à rougir de l'engagement de ses citoyens. Ils sont généreux de leur temps au service de la vie associative comme ils sont généreux de leur argent pour les dons aux associations caritatives.

Nous souhaitons simplement, face à mille dangers, que ces engagements se poursuivent et – pourquoi pas ? – se renforcent demain. C'est cet esprit que nous essayons de souligner : un esprit simplement républicain, un esprit auquel nous sommes toutes et tous attachés.

Au nom de notre groupe, je ne peux qu'apporter et exprimer notre soutien au texte et notre reconnaissance à notre collègue pour le travail accompli. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et Rassemblement-UMP.)

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