Intervention de Brigitte Bourguignon

Séance en hémicycle du 6 décembre 2012 à 15h00
Création d'une médaille d'honneur du bénévolat — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBrigitte Bourguignon :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, le texte qui nous est présenté aujourd'hui par l'opposition parlementaire part d'une intention respectable et aura au moins le mérite de nous permettre d'évoquer les bénévoles, qui oeuvrent chaque jour dans notre pays, à travers leurs actions, au lien social et au bien-être de nos concitoyens.

Mais les actes valent toujours mieux que les paroles. Pourquoi donc avoir tant attendu pour rendre hommage à l'importance du bénévolat ? Ces dix dernières années, lorsque vous exerciez le pouvoir, vous avez eu l'occasion de rendre hommage à l'importance du bénévolat plutôt que de sabrer les budgets et de traiter les associations comme des acteurs sociaux de seconde zone.

Aucune leçon ne saurait nous être donnée quant à la valeur que nous accordons au bénévolat. Personne ici ne doute de la valeur du bénévole. Nous aussi, nous souhaitons lui apporter une juste reconnaissance, mais d'une manière radicalement différente et plus respectueuse de son engagement.

Si je ne remets pas en cause les intentions louables du rapporteur, je trouve que ce texte n'en relève pas moins de l'affichage politique et qu'il apparaît trop restrictif. En tant que bénévole investie dans la vie associative depuis de longues années, comme certains d'entre nous sur ces bancs, je peux vous affirmer que les bénévoles ne cherchent pas une médaille mais une véritable reconnaissance du combat qu'ils mènent jour après jour, du travail qu'ils accomplissent et de la cause qu'ils servent.

On peut regretter aussi que le dispositif présenté exclue de fait les jeunes, puisqu'une médaille ne peut être accordée qu'à partir de vingt années d'activité. C'est d'autant plus dommage que l'on a beaucoup de mal, aujourd'hui, à recruter des jeunes bénévoles. Nous devrions faire davantage pour reconnaître et valoriser leur action. Le service civique pourrait être une des voies à emprunter pour renouveler les générations de bénévoles. Le travail engagé par le ministère des sports, de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative va donc dans le bon sens.

De plus, les bénévoles ne sont pas des entités abstraites à l'action non identifiée. Les domaines dans lesquels ils rendent une mission de service public sont variés. À côté du sport, il faut mentionner l'économie sociale et solidaire, l'agriculture, la culture, la santé et l'action humanitaire. Je pense donc que la meilleure des reconnaissances doit être l'octroi des décorations existantes dans chacun de ces domaines.

Cette reconnaissance passe surtout, et avant tout, par un travail plus large et plus respectueux sur le statut du bénévole, débouchant sur la validation des acquis professionnels. En effet, je souhaite souligner combien le parcours d'accès au bénévolat a progressivement emprunté des logiques d'organisation et des techniques managériales, à tel point que, dans certaines grandes associations, le candidat bénévole peut être soumis à un questionnaire de motivation, à un entretien, à un processus d'intégration et à des sessions de formation ou de mise en situation, comme pour un véritable emploi. Dans cette nécessaire et indispensable réflexion sur le futur statut, on peut également inclure une formation accrue dans le cadre du Fonds pour le développement de la vie associative, un contrat d'engagement bénévole pour les salariés du privé,…

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