Intervention de Gérard Rameix

Réunion du 20 mai 2015 à 16h15
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Gérard Rameix, président de l'Autorité des marchés financiers :

Il faut considérer la série sur plusieurs années.

Pourquoi les marchés financiers jouent-ils en France un rôle moins important qu'aux États-Unis ? L'évolution actuelle a ceci de paradoxal qu'une crise née dans les banques d'affaire aux États-Unis aboutit à un changement de modèle en Europe par lequel se développe l'accès aux marchés, en s'éloignant du modèle européen de banque universelle qui avait pourtant traversé la crise. Compte tenu de la régulation bancaire adoptée au niveau international, nous devons néanmoins encore faire des progrès par rapport à la Suisse ou aux États-Unis, que nous ne rattraperons pas en quelques années.

Quant à savoir si le projet d'union des marchés des capitaux se réalisera au détriment ou au bénéfice de la place de Paris, cela reste à voir. Nous ne sommes pas idéalement placés pour tirer partout des atouts de l'unification et il y a un risque que Londres continue d'attirer la matière. En France, nous profitons certes d'une épargne abondante, d'un secteur de gestion robuste, de la présence de grandes entreprises et d'infrastructures de marché solides, de sorte que nous devrions pouvoir conserver notre position. Mais des gains qui iraient au-delà de ce statu quo sont peu probables. Malgré de nombreux accidents, Londres bénéficie de sa proximité avec les États-Unis, de l'usage de l'anglais, d'un régime de rémunération des acteurs plus avantageux et d'une fiscalité plus faible et plus favorable aux investisseurs.

Le point plus important à mes yeux, c'est que les entreprises françaises aient accès à une place française. En 2011, j'avais rédigé, à la demande du Gouvernement, un rapport avec M. Thierry Giami sur le financement des petites et moyennes entreprises par le marché. La plupart des entreprises françaises reconnaissaient ne plus avoir de relation correcte avec l'entreprise de marché et s'en défiaient. Cela pouvait devenir préoccupant et dangereux sur le plan économique. La tendance commence cependant de s'inverser. Une compétition demeure cependant inéluctable entre les différentes places. Nous devons tirer parti de nos atouts, mais les Allemands et les Britanniques ont aussi les leurs. Le comité « Place de Paris 2020 » s'est déjà réuni deux fois...

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