Avec Razzy Hammadi, nous avions identifié, dans notre rapport d'information sur le suivi du pacte de croissance, deux causes à la faiblesse de la croissance en Europe : un calendrier de retour à l'équilibre budgétaire trop rapide, et un euro trop fort face au dollar. Les orientations de la BCE ont été déterminantes sur le second aspect, le premier ne relevant pas de son champ d'action.
M. Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI, avait admis, devant la commission des affaires européennes et la commission des finances, des erreurs de calcul qui expliqueraient une sous-estimation de l'impact des politiques d'austérité sur la croissance. On peut en effet penser que, mises en oeuvre simultanément, celles-ci ont généré une récession sans rétablir les équilibres budgétaires. Partagez-vous cet avis ?
Les réformes structurelles demandées par la BCE inquiètent les populations, qui redoutent de voir les salaires et les pensions diminuer ; cela alimente un populisme délétère pour la construction européenne et suscite un désir de protection au sein des États-nations. En Italie, un débat s'est ouvert sur l'opportunité d'un maintien dans la zone euro car, depuis qu'il y est entré, ce pays, autrefois adepte des dévaluations compétitives, a vu son PIB par habitant diminuer. Quels sont les pays qui ont, respectivement, le plus et le moins gagné à la création de l'euro ? Par le fait, les pays de l'Union situés hors zone euro ont eu un taux de croissance supérieur à ceux qui en sont membres, notamment parce qu'ils peuvent mettre en oeuvre une politique de change. Ne pensez-vous pas qu'une telle politique serait nécessaire pour la zone euro ? Si oui, sous quelle forme et sous la responsabilité de quelles institutions ?
Enfin, les dettes de certains pays étant trop lourdes, il faudra au minimum, pour que leur remboursement soit économiquement et socialement supportable, les rééchelonner. Comment de telles opérations peuvent-elles être conduites ?