Il y a quelques mois, nous avons reçu M. Blanchard, économiste en chef du FMI. Il avait alors répondu qu'une inflation de 4 % sur dix ans résorberait environ 50 % du montant des dettes au sein de la zone euro. La BCE, qui semble être la seule institution à avoir un projet européen cohérent, a fait des traités une interprétation, non pas contra legem, mais extensive, qui en tout cas tranche avec celle du prédécesseur de M. Draghi. Aura-t-elle la même démarche vis-à-vis de l'inflation, dont le niveau, ridiculement bas dans la zone euro, oblige par exemple la France à trouver 5 milliards d'euros supplémentaires, qui n'iront donc pas au logement ou à l'éducation ?
En 1953, pour éviter que l'Allemagne ne retombe dans des difficultés qui, pendant l'entre-deux-guerres, l'avaient précipitée dans un destin funeste pour toute l'Europe, ses créanciers, réunis à Londres, avaient décidé d'annuler 50 % de sa dette – qui alors représentait 40 milliards, dont 20 milliards hérités de la période de Weimar et 20 autres milliards prêtés par une sorte de « troïka » – et de rééchelonner le reste ; cela a permis à nos amis allemands de payer le reliquat de leur dette jusqu'aux années 2000 et de décoller économiquement. Des économistes considèrent en effet que ce décollage n'est pas seulement dû au génie propre de l'Allemagne, mais d'abord et avant tout à l'aide consentie par ses créanciers, parmi lesquels figurait la Grèce. Ce qui a été bon pour les Allemands dans les années cinquante ne peut-il l'être pour les Grecs aujourd'hui ? Ne pourrait-on rééchelonner significativement une partie de la dette grecque ? C'est d'ailleurs ce que demande désormais le Gouvernement grec, qui auparavant plaidait pour une annulation partielle de cette dette. La France, exposée à hauteur de 40 milliards via le MES, ne pourrait-elle prendre une initiative en demandant un rééchelonnement de sa quote-part ? Pourriez-vous donner ce type de conseil au Président de la République et au Premier ministre ?