L'euro fut une faute qui « cassera » la construction européenne. Les opérations de rachat, menées depuis mai 2010 sur le marché secondaire, se sont accélérées sous l'impulsion de M. Draghi. La BCE, dites-vous, ne peut financer directement les États car les traités l'interdisent ; mais ces traités, vous les avez déjà violés à plusieurs reprises. Pourquoi, dès lors, n'avoir pas consenti des prêts directs aux États, lesquels auraient pu à leur tour investir ? La BCE a nourri les banques, mais celles-ci ne réinjectent pas cet argent dans l'économie réelle par des prêts aux entreprises : cela pose un réel problème.
Quant aux déficits budgétaires, ils sont un effet et non une cause. L'Espagne, je le rappelle, était en excédent budgétaire avant de voir sa compétitivité chuter dans un système économique asymétrique : un euro à 1,50 dollar étrangle la Grèce et la France, mais pas l'Allemagne, qui peut tolérer un change allant jusqu'à 1,80 dollar compte tenu de sa puissance économique. L'euro a donc été une faute stratégique.
Par ailleurs, toute union monétaire s'accompagne en principe d'une union de transfert, solution précisément refusée par l'Allemagne. Or, comme M. Stiglitz nous le rappelait récemment, sans une réforme structurelle de fond, la zone euro est condamnée : un marchand de canons et un marchand d'olives ne peuvent cohabiter dans un espace soumis à une politique monétaire unique. La monnaie unique, avais-je fait observer à M. Trichet, est conçue pour un monde parfait, donc utopique.
Comment gérer la sortie de la Grèce ? C'est bien ainsi que la question se pose, puisque l'Allemagne se refuse à payer. La Grèce doit évidemment retrouver sa compétitivité et rééchelonner sa dette : c'est toute l'histoire du monde monétaire ! Je ne comprends pas l'obstination dans un dogmatisme qui nous conduit dans le mur.
Quant à l'union bancaire, c'est le Titanic sans caissons !