Intervention de Laurent Fabius

Séance en hémicycle du 27 mai 2015 à 15h00
Questions au gouvernement — Lutte contre daech

Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international :

J’ai tâché d’écouter votre question en dépit du bruit, monsieur le député, et vous prie de m’excuser si je n’en ai pas tout entendu. Elle porte sur un certain nombre de sujets dont le principal est Daech, si j’ai bien compris. Daech est un ennemi pour tous ceux qui sont ici, pour tous les démocrates et pour tous ceux qui ont tout simplement une fibre humaine. Ses exactions sont sans équivalent. Je ne suis pas d’accord avec vos propos selon lesquels le rôle de la France serait d’aller combattre Daech au sol. Si je vous interrogeais les uns et les autres pour savoir si vous souhaitez l’engagement au sol de la France en Irak et en Syrie, votre réponse serait non, à raison. La réponse, monsieur le député, nous n’avons cessé de la demander. Elle est d’ordre politique. Nous sommes ici pour faire de la politique et proposer la solution grâce à laquelle vaincre Daech à la fois en Irak et en Syrie.

En Syrie, où c’est probablement le plus difficile, la réponse ne consiste pas à prendre parti pour M. Bachar el-Assad, non seulement pour des raisons morales mais aussi pour des raisons pratiques. En effet, si nous prenions parti pour M. Bachar el-Assad qui est aujourd’hui affaibli, nous jetterions la majorité du peuple syrien dans les bras du groupe terroriste Daech. La France, puissance indépendante, ne s’aligne sur personne. Vous avez cité les États-Unis d’Amérique mais de nombreux exemples illustrent les positions indépendantes de la France qui demande la conclusion d’une alliance entre d’un côté, certains éléments de l’opposition, et de l’autre, des éléments du régime à l’exclusion de M. Bachar el-Assad car c’est la seule manière de parvenir à une Syrie intègre et libre et de lutter enfin efficacement contre le groupe terroriste Daech !

2 commentaires :

Le 28/05/2015 à 10:12, laïc a dit :

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"En effet, si nous prenions parti pour M. Bachar el-Assad qui est aujourd’hui affaibli, nous jetterions la majorité du peuple syrien dans les bras du groupe terroriste Daech."

M. Fabius croit-il que le peuple syrien est subitement devenu fou, et qu'il préfèrerait se jeter dans les bras d'un ennemi qui tue tout le monde plutôt que d'accueillir à bras ouvert une coalition même au service de Bachar El Assad ? Je veux dire que le peuple syrien a compris qu'entre deux meaux, le moindre était bien celui que représentait Bachar El Assad, il ne faut pas prendre les syriens pour des moutons idiots au prétexte que cela arrangerait le petite cuisine politicienne de M. Hollande. Les sophisme n'ont plus cours dans cette région du monde.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Le 29/05/2015 à 18:26, chb17 a dit :

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L. Fabius déclare que "La France, puissance indépendante, ne s’aligne sur personne."

Qui y croit ?

La ligne est tordue, zigzagante, mais personne ne peut imaginer qu'elle soit décidée indépendamment.

La France ne s'est-elle pas alignée en recevant B. al Assad en grande pompe, puis en le déclarant illégitime, puis en vitupérant et menaçant les alliés de la Syrie, puis en rejoignant les "Friends of Syria", puis en tentant de le faire renverser, puis en essayant de bombarder Damas, puis en faisant volte face (ouf), puis en soutenant le front al Nousra (ceux du bon boulot), puis en le reconnaissant terroriste, etc. ?

La France n'est pas assez puissante, pas assez crédible dans le monde pour d'un côté jouer les accessoires dans des opérations OTAN ou US, et en même temps clamer une indépendance depuis longtemps jetée aux orties.

Indépendance économique ? ce n'est pas le cas dans notre pays qui ne maîtrise pas son propre budget.

Indépendance industrielle ? sauf qu'on disparaît dans les incontournables concentrations et qu'on offre des pans d'activité aux ravageurs de tout poil.

Indépendance diplomatique ? sauf qu'on ne bouge plus un petit doigt sans l'assentiment ou l'ordre du chef, quitte à en jouer momentanément les éclaireurs, et qu'on brade nos intérêts nationaux dans une escalade mortelle... Jouerait-on une partition anti-russe, ou même contre la Syrie, si nous étions indépendants ?

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