Intervention de Isabelle Attard

Réunion du 20 mai 2015 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Attard :

Nous parlons de la Philharmonie depuis des années. Si les aléas de sa construction ont alimenté les articles de presse, cette salle, que je n'ai pas encore eu la chance de visiter, semble extraordinaire sur le papier.

La représentation nationale se soucie légitimement de l'utilisation des deniers publics. Or la construction de la Philharmonie de Paris a pris deux ans de retard et le budget du chantier a explosé. Financés à 45 % par l'État, à 45 % par la ville de Paris, et à 10 % par la région Île-de- France, les travaux ont vu leur coût passer de 118 à 386 millions d'euros, soit une augmentation de plus du triple ! La Cour des comptes a notamment dénoncé « une stratégie politico-administrative visant à minimiser les estimations initiales ». De plus, le maître d'ouvrage et le consortium mené par Bouygues semblent avoir tenu l'architecte Jean Nouvel à l'écart des principales décisions concernant le chantier. Dans la période de crise économique durant laquelle s'est construite la Philharmonie, la question reste posée : fallait-il voir si grand ? Jean Nouvel parle de contrefaçon et de sabotage, que lui répondez-vous ?

Compte tenu du nombre de salles de concert de musique classique qui existent déjà dans la capitale, comment comptez-vous attirer un nouveau public à la Philharmonie ? Comment vous démarquerez-vous des autres salles ? Je vous ai entendu parler d'une double programmation avec du classique en semaine, et des propositions plus ludiques et familiales le week-end. Dans le département où je suis élue, l'Orchestre de Caen organise sur ce modèle des mini-concerts le dimanche après-midi à destination des très jeunes, et c'est une réussite. Dans ce cadre, le chef principal de l'orchestre, Vahan Mardirossian, dirigera par exemple ce mois-ci L'Histoire de Babar, le petit éléphant de Francis Poulenc, dans la version orchestrée par Jean Françaix. Les places à 3 euros pour ces concerts du week-end se vendent comme des petits pains, et les salles sont toujours pleines. Cette programmation constitue un important facteur de l'ouverture vers les familles.

Dans le même esprit, les « Clefs de l'orchestre » sont une série de concerts pédagogiques durant lesquels Jean-François Zygel explique, avec l'Orchestre philharmonique de Radio France, les grandes oeuvres du répertoire symphonique pour un public qui ne débourse que 7 euros pour accéder à la Maison de la radio. Cet exemple montre que certaines salles parisiennes vous font déjà une concurrence attractive et originale. Quelle politique tarifaire comptez-vous mener pour y faire face ?

Enfin, au-delà de la question de la fréquentation de vos propres concerts, se pose celle de la fréquentation globale des salles de concert parisiennes. Il serait regrettable qu'un tel investissement n'aboutisse qu'à déshabiller Pierre pour habiller Paul. Comment ferez-vous en sorte que le nombre total de spectateurs augmente, afin que votre activité ne se développe pas au détriment de celle des autres établissements ?

La salle Pleyel offrait 3 000 places lors de son inauguration, en 1927, et 2 400 places en 1999. En 2006, lors de la réouverture, après quatre ans de travaux, on ne comptait plus que 1 900 sièges. Cette saison, d'après Médiapart, beaucoup de ces places sont restées inoccupées malgré les prix bradés et les invitations, même lors du concert inaugural de l'Orchestre de Paris, en septembre dernier. Dans ces conditions comment pensez-vous trouver au moins mille spectateurs supplémentaires ?

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