Je suis très sceptique sur l'idée d'une désignation du Premier ministre par les électeurs. C'est évidemment la règle dans les grandes démocraties parlementaires, mais en France il y aurait une concurrence avec l'élection du Président de la République au suffrage universel. Il y aurait donc une double légitimité, que de Gaulle refusait sous le nom de « dyarchie » : pour lui, il devait y avoir dans l'exécutif une hiérarchie. Si le Premier ministre est élu au suffrage universel comme le Président de la République, le conflit de légitimité est certain.
Rien de tout cela ne vous a échappé, mais vous proposez de régler cette question par la crise, en reproduisant en quelque sorte celle du 16 mai 1877 ; il reviendrait alors aux électeurs de trancher entre la prééminence de l'Assemblée et celle du Président. Vous paraît-il raisonnable d'envisager la crise comme le meilleur moyen d'affaiblir le Président de la République ? Pensez-vous qu'un groupe de travail comme le nôtre pourrait, dans ses propositions, assumer un tel projet de crise nécessaire ? Ce serait pour le moins original.