Je suis d'accord, mais, comme l'a dit Luc Carvounas, cela suppose de lever plusieurs obstacles techniques, au premier rang desquels la difficulté des salariés du secteur privé à accéder à des responsabilités électives. À la suite de l'affaire Cahuzac, le Président de la République a décidé de ramener de six à trois mois la durée d'indemnisation des anciens ministres après leur départ du Gouvernement. Voilà bien – je le dis en toute amitié envers le Président – une réaction typique de haut fonctionnaire, à qui une telle situation ne pourrait poser aucun problème ! Mais imagine-t-on combien elle est risquée pour une salariée qui élève seule ses enfants ? Faire ce choix, c'est se priver de retraite et de toute forme de garantie, sans parler de l'étiquette de femme politique que l'on attache ainsi à son nom. Personne ne le dit, mais c'est une réalité, qui encourage le cumul.
Parmi les moyens de favoriser la diversité, je citerai donc le scrutin de liste et le non-cumul. Si l'on fait en sorte que les mêmes personnes n'occupent pas toutes les fonctions, la diversification s'ensuivra nécessairement. Quant au scrutin de liste, et puisque vous m'interrogez sur les instruments de mesure de la diversité, il existe un moyen très simple : mettre tout le monde sur la photo ! Voyez les cinquante élus du groupe écologiste au conseil régional d'Île-de-France. La diversité, monsieur Slama, ce n'est pas seulement deux ou trois jolies filles qui ont la peau un peu plus foncée que les autres parce que cela fait chic. Les hommes souffrent d'ailleurs plus que les femmes de la discrimination en fonction de l'origine.
Les statistiques ethniques posent un problème très délicat, mais peuvent se concevoir sur le fondement de la libre déclaration. Qui est noir, qui ne l'est pas ? À partir de quel taux de pigmentation est-on censé l'être ? C'est pour remédier à ces écueils d'une catégorisation extérieure que les spécialistes du sujet préconisent de demander aux personnes concernées de se définir elles-mêmes, ce qui leur permet le cas échéant, de s'y refuser. Le principal problème que posent les déclarations du maire de Béziers est d'ailleurs l'idée que l'on pourrait identifier la religion de quelqu'un par son prénom. Imaginez seulement que l'on ait prétendu le faire à propos d'une autre religion que l'islam !
Je précise que le non-cumul doit aussi valoir dans le temps, ce qui obligera l'institution elle-même à réfléchir aux moyens de « recycler » ses élus. Il est regrettable que les compétences – de médiation, de dialogue – que l'on développe en exerçant une responsabilité politique ne soient jamais valorisées. C'est ainsi que beaucoup de gens restent sur le bord de la route, d'autant que, s'ils ne sont plus élus, c'est en général qu'ils ont perdu l'élection, ce qu'ils ne mettent guère en avant : l'image de loser honteux s'ajoute à la défaite objective selon une forme de double peine. Il faut une bonne dose de courage à ceux qui doivent chercher un emploi en expliquant qu'ils ont été battus après n'avoir fait que de la politique pendant quinze ans ! Voilà pourquoi ce sont ceux dont l'avenir est relativement protégé qui s'emparent de ces fonctions. En ce sens, bien que le problème ne soit pas strictement institutionnel, les institutions doivent en tenir compte.
Le 08/03/2017 à 17:50, Laïc1 a dit :
" Qui est noir, qui ne l'est pas ? À partir de quel taux de pigmentation est-on censé l'être ? "
Grave question existentielle qui mérite d'être débattue à l'Assemblée nationale...
Le 08/03/2017 à 17:48, Laïc1 a dit :
"La diversité, monsieur Slama, ce n'est pas seulement deux ou trois jolies filles qui ont la peau un peu plus foncée que les autres parce que cela fait chic. Les hommes souffrent d'ailleurs plus que les femmes de la discrimination en fonction de l'origine."
C'est sûr que les hommes ne peuvent pas mettre de jolis décolletés prometteurs pour appâter le patron et être ainsi embauchés...
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