Intervention de Cécile Duflot

Réunion du 22 mai 2015 à 9h00
Groupe de travail sur l'avenir des institutions

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCécile Duflot :

Monsieur Slama, je n'ai pas sous-entendu que vous étiez maurrassien !

La sélection s'effectue en France à trois ans et demi ! Une étude a en effet montré que de nombreux dirigeants de notre pays étaient issus d'un nombre limité d'écoles maternelles.

Madame Antoni, j'aime bien, moi aussi, la phrase de Mme Reding que vous avez citée. Au début de cette législature, nous avions décidé, hors de toute contrainte juridique, de nommer des cabinets ministériels paritaires. Cet objectif n'a pas été atteint partout, et mon directeur de cabinet de l'époque s'était fortement opposé à ma volonté d'appliquer cette règle : il considérait que cette contrainte était impossible à tenir, alors même que nous avons réussi à mettre en place une équipe comprenant autant de femmes que d'hommes.

J'ai écrit un texte, que je n'ai pas publié, sur le sexisme expliqué à moi-même ; je ne pense pas être la femme politique la moins émancipée de notre pays, mais l'intégration par les femmes elles-mêmes des contraintes pesant sur leur engagement politique s'avère très forte. Un père de quatre enfants se posera moins la question de la conciliation entre ses vies professionnelle et privée. Le cumul des mandats implique de passer ses week-ends et ses soirées à des inaugurations, des réunions ou des fêtes.

Monsieur le président, je suis allée voir le déontologue de l'Assemblée nationale pour lui demander si je pouvais utiliser une partie de l'indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) pour financer la garde de mes enfants. Il m'a été répondu que c'était interdit, alors que l'on peut employer cette enveloppe pour à peu près n'importe quoi et que nous avons siégé pour examiner le texte sur la transition énergétique depuis mardi, seize heures, jusqu'à quatre heures du matin la nuit dernière. Que faites-vous de vos enfants si vous les élevez seule ? L'assimilation de ces difficultés vaut pour les femmes comme pour ceux qui viennent d'un milieu populaire et qui ne se sentent pas à l'aise dans les palais de la République. J'ai appris à utiliser les bons couverts en regardant le film Pretty Woman, et beaucoup, plutôt que de passer pour des « ploucs », préfèrent ne pas venir. Le système empêche ceux qui n'en font pas partie d'y entrer en leur instillant un sentiment d'illégitimité. Il faut trouver les moyens de briser ce cercle vicieux, ce qui ne condamnera pas les femmes de ménage à ne représenter que les femmes de ménage. En revanche, cela fera beaucoup de bien à certains élus d'avoir de telles collègues !

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