Intervention de François Brottes

Réunion du 27 mai 2015 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Brottes, président :

Mes chers collègues, nous avons l'honneur de recevoir M. Patrick Drahi, qui vient pour la première fois devant notre commission… Je le préviens d'ores et déjà que celle-ci n'est pas à vendre ! (Sourires.)

Monsieur le président-directeur général, votre boulimie de magnat des temps modernes est impressionnante, comme le relate quotidiennement la presse. Nous sommes impatients de connaître votre stratégie, parce qu'elle concerne la France, ses emplois, ses services, son rayonnement dans le monde, et touche aux enjeux propres aux télécoms : le déploiement de la fibre, qui se fait un peu attendre – les engagements ne sont pas toujours respectés chez les uns comme chez les autres –, le développement de la 4G et de la 5G, et le rachat d'une partie de la bande 700 MHz, etc., autant de sujets d'actualité. Nous vous recevons au lendemain de l'annonce de l'acquisition par Altice de l'américain Suddenlink – c'est comme cela qu'on devient maître du monde.

Vous avez démarré comme petit câblo-opérateur avec la société Sud Câble Services au début des années 1990 – j'avais démarré le plan câble dix ans avant, mais je n'ai pas eu le même résultat… Vous avez créé un second câblo-opérateur à Marne-la-Vallée. En janvier 2014, vous avez introduit votre holding à la bourse d'Amsterdam – on se demande pourquoi –, avant de procéder, le 5 avril de la même année, au rachat de SFR pour 13,5 milliards d'euros. Un an plus tard, le 2 avril dernier, l'Autorité de la concurrence et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ont placé sous scellés les locaux de Numericable et de SFR.

En 2015, je parle sous votre contrôle, le groupe au périmètre élargi (SFR-Numericable, Portugal Telecom, Suddenlink…) emploie plus de 30 000 personnes pour un chiffre d'affaires de 14 milliards d'euros, une capitalisation boursière de 32 milliards d'euros et une dette nette de 33 milliards d'euros – ce dernier élément interroge forcément. Le premier bilan de Numéricable SFR, sur lequel vous avez communiqué récemment, est encourageant pour les actionnaires, mais, semble-t-il, un peu déprimant pour les salariés et les fournisseurs dont certains se plaignent de ne pas être payés depuis longtemps – on murmure que la méthode Drahi est redoutable : c'est ou moins 30 %, ou la porte… On dit aussi que, d'ici à 2017, vous avez 1,1 milliard d'économies à réaliser, un journal satirique évoquant même la délocalisation programmée des centres d'appel au Maroc ou à Madagascar. Vous aurez tout lieu de confirmer ou d'infirmer ces éléments.

J'ai enfin retrouvé une lettre que vous aviez écrite à M. Montebourg le 8 avril 2014 au sujet du rachat de SFR par Altice-Numericable, dans laquelle vous vous engagiez pour l'emploi, les investissements, le déploiement du très haut débit et enfin sur le patriotisme économique.

Après cette présentation un peu lapidaire et sûrement caricaturale, je vous propose de commencer par un propos introductif, avant de répondre aux multiples questions qui ne manqueront pas de vous être posées.

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