Intervention de Patrick Drahi

Réunion du 27 mai 2015 à 9h30
Commission des affaires économiques

Patrick Drahi, président-directeur général d'Altice :

C'est un grand honneur pour moi d'être devant vous aujourd'hui et je répondrai à toutes vos questions, y compris les moins agréables – je n'ai rien à cacher.

Vous présentation est à peu près juste, monsieur le président. J'ai commencé mes études au lycée Lyautey de Casablanca, puis je suis rentré en France en 1978 où j'ai poursuivi mes études à Montpellier, je suis entré à l'X, j'ai fait Sup Telecom et préparé un doctorat d'optique, à l'époque précisément où vous lanciez le plan câble. Passionné par la fibre optique, j'avais visité en 1984 le réseau tout optique de Biarritz, qui était un réseau plan câble. Vous le voyez : on faisait en 1984 ce qu'on essaie de faire en 2015… Mais c'était trop tôt, donc trop cher, et ce n'était pas la bonne technologie. Nous y reviendrons.

J'ai fait toute ma carrière dans les télécoms. Mais comme je ne supportais pas de rester dans des grands groupes, où les décisions mettent beaucoup de temps à produire des résultats, j'ai créé ma propre entreprise à l'âge de vingt-huit ans, puis j'ai très rapidement commencé à déployer des services de réseau câblé dans le sud de la France. En 1994, j'ai créé une deuxième entreprise, Sud Câble Services, SARL au capital de 50 000 francs, somme que j'avais empruntée via un prêt étudiant. J'étais donc criblé de dettes, mais la situation s'est nettement améliorée depuis puisque j'ai aujourd'hui 32 milliards de capital pour 33 milliards de dette – ce qu'il convient de comparer à ce que contractent les ménages français quand ils achètent un appartement où une maison, puisque le banquier leur prête en général entre 50 % et 65 % du prix d'acquisition. Je contrôle 63 % du capital de mon entreprise, étant certainement le seul dans le panorama européen à ce niveau de participation, ce qui me permet d'avoir une gestion différente de celle des grands groupes où le directeur est responsable mais pas forcément coupable. Moi, je développe un groupe international, mais qui reste avant tout familial.

Vous avez donc devant vous quelqu'un qui a démarré de rien – une petite SARL – mais qui détient aujourd'hui un grand groupe qui emploie 38 000 collaborateurs, qui fait sans doute travailler autant de personnes chez ses sous-traitants, coté à la bourse d'Amsterdam, mais dont la filiale française est cotée à la bourse de Paris : Numericable est éligible par sa capitalisation et par son flottant au CAC 40, Altice fait déjà partie de l'indice de la bourse d'Amsterdam. Rappelons que les deux bourses appartiennent à la même entité, Euronext, si bien que personne ne peut douter que nous fassions partie de l'Europe.

Ce groupe n'opère que dans les télécoms. Très jeune, j'ai été convaincu de la pertinence de la fibre optique pour offrir des applications vidéo. En effet, les usages font que la télévision devient interactive – cela s'appelle de la vidéo interactive – en permettant à des milliards d'individus d'échanger entre eux essentiellement à travers des réseaux fixes. Certes ils peuvent le faire avec leur téléphone mobile, leur smartphone, mais celui-ci est utilisé dans 70 % des cas depuis un point fixe : bureau, domicile, etc. Or pour ce réseau fixe, la technologie la plus moderne qui existe au monde est la fibre optique. C'est pourquoi, depuis vingt-deux ans, j'investis l'intégralité des sommes que je peux générer dans mes affaires, sans distribution de dividendes – mes entreprises se sont endettées non pour financer des pertes d'exploitation ni pour distribuer des dividendes, mais pour financer une croissance très forte.

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