Intervention de Patrick Drahi

Réunion du 27 mai 2015 à 9h30
Commission des affaires économiques

Patrick Drahi, président-directeur général d'Altice :

Je ne parle pas forcément de tel ou tel ; je respecte les stratégies des entreprises, j'ai la mienne. Nous avons perdu quelques clients sur le mobile au premier trimestre, mais les choses vont déjà mieux au deuxième trimestre et tout sera reparti dans le bon sens d'ici à la fin de l'année. Vous le comprenez : il n'est pas facile d'intégrer 750 magasins en parallèle des 150 magasins Numericable à côté des 70 magasins Virgin – si nous arrivons à intégrer l'ensemble d'ici la fin de l'année, ce sera un exploit, car quatre à cinq ans sont en général nécessaires pour une entreprise de cette taille. Bref, je suis confiant : je n'ai aucun souci sur la partie endettement.

Vous indiquez que Moody's nous a placés en perspective négative ; mais ce matin, Standard & Poor's a maintenu son rating. Lorsque j'ai racheté le câble, sa notation n'existait pas tant sa situation était catastrophique. Ainsi, nous sommes passés de CCC (spéculatif) à BB, avant de redescendre un peu, mais nous allons remonter très bientôt. Mais le rating n'est pas un objectif, l'important est ce que vous payez comme intérêts et donc la façon dont vous négociez votre dette.

Nous n'avons pas fait l'opération Time Warner Cable, pas pour des questions d'endettement, pas parce que je n'avais pas le financement : je l'avais. Sans trahir de secret, de très grandes banques françaises étaient avec moi, de très grandes banques américaines aussi, et même de très grandes banques d'autres pays. Ce qui m'inquiétait énormément, ce n'était pas de passer de 30 milliards à 70 milliards de dette, c'était de passer de 35 000 à 120 000 collaborateurs, parce qu'au moment où il fallait prendre la décision je n'avais pas la structure managériale pour assumer une telle responsabilité. Et le mot responsabilité est le mot le plus important pour moi.

Cela me permet de boucler sur la dernière question qui portait sur ma fondation : cette fondation sert à faire face à ma responsabilité. Quand on a la chance de gagner un petit peu d'argent grâce à son travail, on se doit de participer à des activités à but non lucratif pour aider soit la recherche, soit l'enseignement, soit encore ceux qui en ont besoin, dans tous les pays, quelles que soient la religion, la couleur, la tendance politique. C'est l'objet de la fondation. Et c'est une valeur que j'ai à coeur d'inculquer à mes enfants : on n'est pas là seulement pour gagner de l'argent dans l'industrie, on est là aussi pour aider ceux qui ont besoin de l'être. Nous sommes spécialisés dans trois domaines : la recherche scientifique, l'éducation et la santé, d'où la recherche sur le cerveau. Un tel projet rassemble des chercheurs en France, en Suisse, au Portugal, en Israël, qui travaillent indépendamment des problèmes politiques.

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