Il s’agit d’une question délicate, et fondamentale pour l’avenir de l’Europe, comme vous l’avez souligné. Je serai clair : la place de la Grèce est dans l’Union européenne, et dans la zone euro. D’abord, parce que c’est ce que souhaitent les Grecs eux-mêmes : quand on leur demande s’ils veulent sortir de l’euro, ils répondent non à une écrasante majorité. Ensuite, parce que la sortie de la zone euro créerait une situation objectivement extrêmement difficile, pour la Grèce elle-même, qui s’appauvrirait encore plus alors qu’elle vient de traverser cinq années très difficiles, au détriment des plus faibles d’entre les Grecs, mais aussi pour la zone euro, qui a vocation non à rétrécir, mais à s’élargir – non à expulser des pays, mais à en accueillir de nouveaux : cela, nous devons toujours le garder à l’esprit.
Vous m’avez demandé quelle est la position de la France dans ce débat. En recevant mon homologue grec Yanis Varoufakis une semaine après les élections législatives grecques, j’ai exprimé très clairement mon opinion : nous devons le respect à la démocratie grecque. La majorité parlementaire et le gouvernement ont changé : on ne peut pas leur demander de faire exactement la même chose que les précédents ! Cela reviendrait à dire aux Grecs qu’on se fiche complètement qu’ils aient voté. Non, il faut respecter l’issue du vote grec.
Parallèlement, la Grèce, elle, doit respecter les règles communes du fonctionnement de la zone euro, de la Banque centrale européenne ou de la Commission européenne. C’est ainsi que nous progressons pour arriver à un accord. Il n’y a pas d’autre solution qu’un accord entre la Grèce et les institutions internationales. C’est à une telle solution que tendent nos efforts, c’est à cela que nous devons aboutir. Le rôle que la France joue, celui que je joue moi-même, c’est un rôle de trait d’union, pour réussir ensemble.