Intervention de Pierre Lellouche

Séance en hémicycle du 1er juin 2015 à 16h00
Questions sur la situation économique et financière de la zone euro

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a eu la bonne idée de publier aujourd’hui même dans Le Monde une longue tribune sur la crise de la zone euro. Près de six mois après l’élection grecque du 25 janvier, la position d’Athènes semble exactement la même. L’explosion de la dette publique, à plus de 180 % du produit intérieur brut, celle du chômage, l’appauvrissement du pays : tout ceci ne serait dû qu’à la seule politique d’austérité imposée par la Troïka et le Fonds monétaire international, qui sont d’ailleurs cités à plusieurs reprises par le Premier ministre grec.

Il ajoute qu’il n’envisage de commencer à réformer réellement qu’à partir de 2017 et qu’il n’a pas l’intention de modifier sérieusement ni le programme de privatisations ni la sécurité sociale ni les retraites. Il commence tout juste à mettre en place un système fiscal digne de ce nom. Pour lui, la solution est donc simple : l’Europe doit faire preuve « de plus de solidarité », c’est-à-dire accepter de payer. Sinon, poursuit-il, nous serions obligés de supprimer les élections dans tous les pays qui sont soumis à un programme d’austérité : « Tout cela aboutirait à la naissance d’un monstre technocratique et à l’éloignement pour l’Europe de ses valeurs fondatrices ». Le Premier ministre conclut en citant Ernest Hemingway : « Pour qui sonne le glas ? »

Monsieur le ministre, c’est exactement la question que je voulais vous poser : pour qui sonne le glas ? Sommes-nous prêts à continuer à payer ? Mme Berger a rappelé qu’en 2010, et j’y ai participé, nous avions mis sur la table 110 milliards d’euros, dont 80 % pour l’Allemagne et la France. Est-ce là notre politique, face à un gouvernement qui, de toute évidence, n’a aucunement l’intention de se plier aux disciplines communes et attend seulement que nous, nous continuions à payer ?

J’avoue que cette question, et c’est l’objet de ma deuxième interrogation, se pose aussi s’agissant de la France. Mme Berger parlait du lien entre Athènes et Paris. Le rapport de la Cour des comptes publié la semaine dernière montre que, chez nous aussi, le déficit se creuse, puisqu’il est en augmentation de 10 milliards d’euros par rapport à 2013. La dette de l’État continue de progresser de 71 milliards, ou 3 points de PIB, tout de même, pour atteindre désormais 1 528 milliards. Ce rapport nous apprend également que si les dépenses de l’État ont pu être stabilisées en 2014, ce résultat est uniquement dû à la baisse de la charge de la dette, de 1,7 milliards, et non à des économies. Notre besoin de financement continue d’augmenter : 179 milliards l’an dernier, 188 milliards cette année.

Monsieur le ministre, cette dérive des comptes publics et ces absences de réformes dans le pays sont-elles réellement compatibles avec la place de la France dans la zone euro ?

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