Intervention de Michel Sapin

Séance en hémicycle du 1er juin 2015 à 16h00
Questions sur la situation économique et financière de la zone euro

Michel Sapin, ministre des finances et des comptes publics :

Comparaison n’est pas raison, vous le savez bien, monsieur Lellouche : la situation de la Grèce et celle de la France n’ont rien de comparable. Je laisserai donc l’aspect polémique de vos questions de côté pour éviter d’avoir à vous rappeler vos responsabilités considérables dans la situation actuelle de la France.

S’agissant de la Grèce, quand M. Tsipras dit qu’on doit prendre en considération l’expression du peuple, surtout quand il s’est exprimé très clairement pour une nouvelle majorité, il a raison. L’Europe n’est pas la négation de la vie démocratique des pays. Vous seriez d’ailleurs le premier à contester une Europe qui voudrait ignorer les décisions prises souverainement par le peuple français. Mais je le dis clairement : il n’est pas possible pour la Grèce de considérer qu’elle sortira de sa situation uniquement en comptant sur les autres. Il faut les autres… mais il faut la Grèce, une Grèce qui prenne des décisions que parfois ses précédents gouvernements n’ont pas eu le courage de prendre.

À cet égard, je ferai une nouvelle fois référence à l’administration fiscale, qui doit être redressée pour permettre aux rentrées fiscales d’être à la hauteur des capacités de l’économie grecque. Oui, la Grèce doit mettre en oeuvre des réformes, mais c’est à elle de dire lesquelles. Ce n’est pas à nous de les lui imposer. La condition pour que nous trouvions un accord le plus rapidement possible, c’est que celui-ci apporte la stabilité, la sérénité nécessaires à la Grèce du point de vue démocratique, et que, sur le plan économique, la Grèce expose à ses partenaires les moyens d’assurer un équilibre budgétaire qui lui permette de faire face à ses propres besoins – salaires, pensions, investissements – et aux engagements qu’elle a pris vis-à-vis de ceux qui, dans les moments les plus difficiles, ont fait preuve de la solidarité nécessaire pour venir la soutenir.

Voilà comment nous trouverons la solution. Cet accord est absolument nécessaire, pour la Grèce certes afin de lui éviter une situation absolument catastrophique, mais aussi pour la zone euro car, je le répète, l’Europe n’est pas là pour se recroqueviller mais pour accueillir. Et c’est ce que je souhaite à l’Europe de demain.

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