Monsieur le ministre, le plan Juncker, vous l’aurez compris, nous interpelle sur tous les bancs. Il conviendrait de lui donner un peu plus de transparence ou en tout cas de mieux l’expliquer.
Il a été rappelé par mes collègues que dans le document signé le 26 mai dernier, Paris et Berlin se disent prêts à amplifier ce plan de relance de l’investissement en Europe en insistant en particulier sur les spécificités de la zone euro. Conçu pour une Europe à vingt-huit, il pourrait donc être renforcé pour le noyau dur, c’est-à-dire pour les pays ayant adopté la monnaie unique.
L’actuel plan doit mobiliser, vous l’avez rappelé, 315 milliards, avec des effets de leviers. Mais alors que les conditions de sa mise en oeuvre sont toujours en cours de négociations avec le Parlement européen, six États, dont la France à hauteur de 8 milliards d’euros, ont promis un soutien de plus de 25 milliards d’euros et la Banque européenne d’investissement lance les premiers projets.
Quant aux effets attendus de ce plan pour la France, il y a urgence. En effet, l’investissement dans notre pays devrait reculer de 0,6 % cette année alors qu’il va progresser de 1,7 % dans l’ensemble de la zone euro, confirmant ainsi le tableau d’une économie française entravée. Quand bien même l’investissement reprendrait-il grâce à l’effet de levier du plan Junker, voire d’un plan Juncker II renforcé pour la zone euro, force est de constater que les rigidités de notre marché du travail et notre réglementation sociale resteront un frein.
Aussi, il est à craindre que le nombre d’emplois attendus de ces investissements ne soit pas au rendez-vous. J’en veux pour preuve les récentes statistiques sur les investissements directs étrangers en France : les créations effectives d’emplois sont bien en deçà des attentes. Je rappelle que la France reste au troisième rang européen en nombre d’implantations d’entreprises étrangères, mais qu’elle crée moins d’emplois que ses principaux concurrents en ce domaine, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Le même phénomène risque de se répéter avec les investissements du plan Juncker.
Je sais que vous pouvez plus ou moins détailler les investissements qui bénéficieront des 8 milliards, mais parlez-nous tout de même des retombées attendues au niveau des emplois. Par ailleurs, puisque vous avez confirmé l’intervention de la Caisse des dépôts et consignations dans le plan Juncker, je souhaiterais savoir si ces investissements supplémentaires ne risquent pas de mettre en péril son modèle prudentiel.