Finalement, nous constatons que le statut n'est pas aussi déterminant que le projet commun visant à mieux servir les artisans dans un environnement toujours plus complexe en forte mutation. La loi NOTRe constitue un élément supplémentaire. Il faut chercher des solutions car, sur le terrain, les artisans attendent que leur chambre leur apporte des services, et ne soit pas seulement une structure de gestion. Nous avons tiré les leçons de l'expérience d'autres chambres, comme celle que Dominique Klein vient de nous présenter. En Indre-et-Loire, petit département, nous avons par exemple créé une plateforme qui reçoit 40 000 appels par an et une vingtaine de visites d'artisans par jour. Cela montre bien à quel point la proximité est fondamentale.
Nous sommes dans une période charnière. Hier, nous étions dans un système relativement bien irrigué financièrement qui s'adressait à un public très ciblé. Aujourd'hui, nous sommes confrontés à une concurrence et l'État a réduit une grande partie de nos ressources directes. Dans notre chambre, depuis cinq ans, nous avons constaté une baisse de 10 % de notre budget : 5 % du fait de la baisse des ressources et 5 % du fait de l'augmentation mécanique des charges. Il nous est dit que la mutualisation des fonctions support permettra de régler ce problème, mais je ne partage pas ce point de vue. Ces fonctions support pèsent environ 10 % de nos budgets : même si nous économisions 20 ou 30 % grâce à leur rationalisation, on voit bien que le compte n'y sera pas.
L'enjeu est pourtant d'aller plus loin avec les artisans. Nous devons mutualiser notre action dans de nombreux domaines : l'ingénierie de projets, le développement des formations en commun, la mise en place de la modularisation et l'individualisation dans le cadre du compte personnel de formation (CPF). Nous avons commencé à traiter le sujet en région Centre. Pour ce qui concerne la relation avec les collectivités locales, nous venons de développer une offre de services complètement partagée sur la base d'un outil statistique et informatique régionalisé qui permet de présenter des statistiques avec des volets gratuits et des prestations qui peuvent être rémunérées par les collectivités.
Vous imaginez bien que le passage d'un modèle à un autre exige des investissements. Les équipes doivent par exemple être formées : deux cents jours de formation ont ainsi été prévus pour l'évolution des collaborateurs, que ce soit en matière d'action commerciale ou pour assurer la professionnalisation nécessaire à la mise en place de la plateforme.
En cinq ans, nous avons fait de gros progrès alors que notre ressource s'est tarie et que les flux ont continué à augmenter – le volume de formalités a triplé notamment du fait des micro-entreprises qui pénalisent par ailleurs la formation en apprentissage à laquelle elles ne participent pas. Alors que les flux sont deux fois et demie plus importants qu'il y a dix ans et que la charge liée aux missions régaliennes a au moins augmenté dans les mêmes proportions, nous avons maintenu les mêmes effectifs que par le passé, ce qui signifie que nous devons réduire le nombre des personnes chargées des missions de proximité. Nous n'avons par exemple pas les moyens de remplacer le collaborateur qui s'occupait des métiers d'art ou celui qui était chargé des secteurs de la production, de l'export et de la commercialisation…