Je tiens d'abord à préciser que les éléments de réponse que nous pouvons vous apporter étaient valables jusqu'au 8 avril, à vingt et une heures. Depuis la cyberattaque dont TV5 Monde a été victime, nous sommes dans une zone grise.
Au vu de l'enquête de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) qui doit s'achever dans une dizaine de jours, il est acquis que cette attaque était destinée à nous détruire. Nous devons à un concours de circonstances d'exister encore aujourd'hui. En effet, le 8 avril était le jour de lancement de la nouvelle chaîne consacrée à l'art de vivre à la française – TV5 Monde style HD – destinée à la zone Asie-Pacifique ainsi qu'au Maghreb et au Moyen-Orient. C'est la présence d'esprit des équipes techniques sur place pour l'occasion qui leur a permis de nous déconnecter du réseau internet et ainsi de préserver une partie de la chaîne. Sans leur intervention, tous les systèmes auraient été détruits et nous n'aurions pas pu reprendre les émissions, comme nous l'avons fait, sur la totalité des réseaux, huit heures après l'attaque.
Aujourd'hui, quinze experts de l'ANSSI travaillent encore dans nos locaux. Si tout se passe bien, nous serons en mesure de nous reconnecter au réseau internet le 12 mai prochain. Nous espérons retrouver un fonctionnement normal d'ici la mi-juillet.
Le coût du remplacement des matériels détruits et du renforcement de la protection informatique est en cours de chiffrage. Il représente plusieurs millions d'euros. Les perspectives financières de TV5 Monde dépendent de l'aide que les États partenaires consentiront à lui apporter pour passer ce cap difficile.
Le cap budgétaire sera double : il faudra assumer d'une part, en 2015, les frais importants pour la restauration et l'achat de matériels, la formation des personnels à la nouvelle hygiène informatique ainsi que le nouveau dispositif de surveillance informatique sans laquelle l'ANSSI ne nous autorisera pas à nous reconnecter au réseau internet ; d'autre part, pour les exercices suivants, nous aurons à faire face aux frais structurels liés à la nouvelle protection indispensable à notre survie dont le coût est estimé entre 2 et 2,5 millions d'euros par an à partir de 2016.
Le financement est assuré par les cinq États bailleurs de fonds selon une répartition en neuvième : six neuvième pour la France, un neuvième pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, un neuvième pour la Suisse et un neuvième partagé entre le gouvernement du Canada, pour deux tiers, et l'État du Québec, pour l'autre tiers.