Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, aujourd’hui, le quart des jeunes Européens qui sont sur le marché du travail se retrouvent au chômage, dont 26 % en France contre 8 % chez nos voisins allemands.
Le problème n’est pas nouveau, mais il s’est considérablement aggravé avec la crise.
Entre 2006 et 2012, le taux de chômage des jeunes de moins de vingt-cinq ans au sein de l’Union européenne a augmenté de six points environ. Cinq millions de jeunes sont concernés, soit deux fois plus que le reste des actifs, avec un taux de chômage de 21,7 % au sein de l’Union européenne et de 23,2 % dans la zone euro.
La qualité de l’emploi des jeunes s’est également dégradée, conséquence directe de la hausse du chômage dans cette même catégorie de la population, avec notamment une hausse de 30 % des temps partiels involontaires et une augmentation de 20 % des emplois offrant une quantité d’heures de travail inférieure au volume souhaité.
En France, 73 % des responsables d’organismes d’enseignement, quels qu’ils soient, estiment que les jeunes diplômés sont prêts pour le monde du travail, contre 33 % des jeunes eux-mêmes et seulement 27 % des employeurs.
En effet, seuls 35 % des jeunes Français sont persuadés que leurs études leur ont permis de trouver un emploi, et 67 % d’entre eux feraient des choix d’études différents s’ils pouvaient revenir en arrière, ce qui est le taux le plus élevé d’Europe.
Manifestement, nos jeunes manquent de confiance dans la fiabilité de leurs études supérieures et dans les conséquences réelles qu’elles ont eues lors de leur entrée sur le marché du travail.
En parallèle, 27 % des employeurs affirment ne pas avoir pu recruter – alors qu’un poste était à pourvoir – en raison du manque de compétences spécifiques des candidats. Dans certains secteurs, ce taux passe même à 40 %. Plus de deux millions d’emplois n’ont pas été pourvus dans les pays de l’Union européenne, et ce malgré la crise.
Un tel différentiel entre l’offre et les compétences acquises lors des études a des conséquences néfastes sur la compétitivité des entreprises. Le phénomène de l’absence de concertation entre les besoins du marché du travail et les établissements de l’enseignement supérieur est particulièrement accentué au sein de l’Union européenne.
Cependant, le système français comporte quelques atouts qu’il est indispensable de conserver.
Tout d’abord, le coût des études : le taux d’étudiants qui renoncent à poursuivre des études pour des raisons financières ne dépasse pas 26 %.
Ensuite, une perception sociale plutôt favorable par les étudiants de l’enseignement supérieur à vocation professionnelle comme les brevets de technicien supérieur – BTS –, les diplômes universitaires de technologie – DUT –, ou les instituts universitaires de technologie – IUT. L’absence de ces deux atouts constitue en effet un frein pour les jeunes dans le reste de l’Union européenne.
Malgré tout, plusieurs points négatifs mettent à mal le système français.
Tout d’abord, le manque d’information sur les perspectives professionnelles qu’offrent les différents cursus du supérieur à la fin du lycée, information pourtant indispensable à chaque jeune pour pouvoir effectuer un choix éclairé.
Ensuite, le manque de communication entre les employeurs et les établissements d’enseignement : seuls 37 % des employeurs français confirment avoir des relations avec des membres d’établissements éducatifs, contre 78 % au Royaume-Uni. Les PME sont même totalement absentes d’un quelconque engagement en matière de formation.
Citons également l’absence de transmission des savoir-être comme la confiance en soi, la communication orale ou encore la conscience professionnelle, à tel point que ces trois caractéristiques sont considérées comme deux fois moins fortes en France qu’en Allemagne, la maîtrise de ces savoir-être par les jeunes diplômés étant bien en deçà de ce qu’en attendent les employeurs.
Autre constat, le manque d’information des étudiants sur les salaires et les perspectives des différents secteurs professionnels, et enfin l’absence de valorisation et de connaissance des métiers qui sont à la recherche d’employés.
Au printemps 2014, l’Union européenne a débloqué 6 milliards d’euros afin d’accentuer la lutte contre le chômage des jeunes. La France a perçu 620 millions d’euros en 2014 et 2015 pour accélérer sa politique nationale concernant l’insertion des jeunes sur le marché du travail.
Les objectifs de cette initiative européenne sont de garantir à tous les jeunes de moins de vingt-cinq ans un emploi, une formation continue, un apprentissage ou un stage dans les quatre mois suivant leur sortie d’études ou la perte de leur emploi.
En France, monsieur le ministre, il n’est pas sûr qu’ils aient été atteints. D’ailleurs, la Commission européenne s’est montrée plus que sceptique quant aux dispositifs mis en oeuvre par votre majorité pour lutter contre le chômage des jeunes.
Alors, monsieur le ministre, comment envisagez-vous d’améliorer les dispositifs actuels pour que les 620 millions d’euros de l’Union européenne aient un effet déclencheur positif pour l’emploi des jeunes ?