Monsieur le député, je me suis rendu, avec ma collègue Andrea Nahles, dans une mission locale allemande, pour voir comment l’Allemagne agissait concrètement pour lutter contre l’un des maux dont souffre le système français, à savoir l’ampleur du nombre de décrocheurs de notre système éducatif – 140 000 élèves sortent en effet chaque année de l’éducation nationale sans même un certificat d’aptitude.
Très en amont, à l’école même, des personnes accompagnent, dès l’âge de 14 ou 15 ans, des jeunes pressentis comme pouvant décrocher. Cet accompagnement précoce évite bien souvent aux jeunes Allemands de tomber dans une sorte de rejet de l’éducation nationale et des cours, et leur permet de se diriger vers des voies plus pratiques, plus technologiques, plus professionnelles. C’est un système dont nous devrions nous inspirer, du moins pour cette partie, car il produit beaucoup d’effets.
Il faut cependant bien voir – et l’on retrouve ici le problème psychologique déjà évoqué – que, pour les jeunes Allemands, choisir la voie de l’apprentissage et de l’entreprise n’est pas une voie de garage. C’est même souvent une voie valorisante. En France, on veut souvent remettre dans le cycle scolaire des enfants qui sont déjà des décrocheurs et qui, précisément, ne veulent pas avancer comme cela, mais par l’apprentissage et la reconnaissance. La société doit donc porter l’effort visant à l’expliquer.
Par ailleurs, comme l’a évoqué tout à l’heure M. Michel Liebgott, de nombreux projets transfrontaliers existent entre notre pays et l’Allemagne. J’ai ainsi eu l’occasion d’aller mettre en place à Sarrebruck un service commun de Pôle emploi associant la Lorraine et la Sarre et j’ai pu constater que nos deux cultures, en matière d’approche, n’étaient pas si éloignées que cela. J’ai cependant trouvé que les chefs d’entreprise allemands étaient plus respectueux des demandes qui leur sont adressées. Ils répondent en effet à tous les CV qu’ils reçoivent, à tous les petits dossiers qui leur sont envoyés : chaque demandeur d’emploi reçoit une lettre de réponse. Combien de chefs d’entreprise, en France, ne répondent même pas un CV qui leur est adressé ? Il y a, de ce côté-là aussi, des choses à apprendre.
Je n’ai pas le temps de développer davantage ces questions, mais je partage votre sentiment.