Intervention de Général Pierre de Villiers

Réunion du 21 mai 2015 à 15h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées :

Si treize pays augmentent leur budget de défense en Europe, c'est une réelle prise de conscience. On avait tendance jusqu'à présent, en effet – et je l'ai répété pendant trois jours à Bruxelles – à constater que le monde était de plus en plus dangereux et, par conséquent, à diminuer les budgets alloués à la défense ! Les pays membres de l'OTAN se sont engagés à arrêter la baisse de ces budgets, puis à faire en sorte qu'ils représentent 2 % du PIB. Tout le monde est d'accord pour renforcer les moyens face au flanc est et face au flanc sud – terme impropre, d'ailleurs, pour ce dernier, puisque le terrorisme frappe partout, y compris au nord.

L'actualisation de la LPM n'est pas spécifiquement faite pour répondre à une menace, par exemple celle de la Russie vis-à-vis de l'Ukraine, mais pour répondre à toutes les menaces ; et, si le calendrier a été accéléré, c'est d'abord à cause des attentats de janvier et de la nécessité de protéger le territoire national.

En ce qui concerne la question de M. Audibert Troin relative aux coûts des facteurs, bien sûr, il ne s'agit pas d'éviter un aléa pour retomber dans un autre. Je considère par conséquent que je dispose bien du milliard d'euros en question et qu'il engage l'équilibre entre les capacités et les effectifs.

Quant aux recettes immobilières, vous avez pu constater une augmentation par rapport à la LPM précédente. Ces recettes, comme toute recette exceptionnelle, sont liées au résultat des ventes – sur lequel je resterai très vigilant. La clause de sauvegarde a disparu – il me paraîtrait pourtant logique qu'elle soit maintenue dans le cas de recettes exceptionnelles. Les recettes issues de cessions, pour la période 2015-2019, représentent 930 millions d'euros

Pour ce qui concerne le sas de décompression, désormais, quand une opération à risque est susceptible d'entraîner des chocs post-traumatiques, il sera obligatoire. Il sera financé dans le cadre du surcoût OPEX, comme le prévoit l'article 4 du texte.

J'en viens aux espaces d'entraînement et aux nouvelles modalités d'entraînement et de soutien. Les soutiens se modernisent dans tous les domaines, qu'il s'agisse du commissariat des armées, des organismes destinés à la préparation opérationnelle ou des écoles. Nous sommes en train d'affiner le maillage territorial avec les bases de défense. Pour l'heure, ces espaces concernent l'armée de terre et sont liés à son projet « Au contact ! ». Le CEMAT a débuté sa mise en oeuvre ce qui conduira à réorganiser la force opérationnelle terrestre et donc le soutien en liaison avec le soutien interarmées et les bases de défense. Je note que ce dispositif marche de mieux en mieux, en tout cas si j'en juge par le nombre de plus en plus réduit de visites qui me sont faites sur ce sujet – car on vient évidemment toujours voir son chef non pour lui signifier que tout va bien, mais pour lui signaler des dysfonctionnements.

Pour ce qui est de la vente des Rafale, ma seule référence est la LPM, mais chaque contrat a sa spécificité. Par exemple, en ce qui concerne le contrat avec l'Égypte, on nous prélève six Rafale. Mais, en 2019, j'aurai les 26 Rafale que je dois avoir. Par ailleurs, on nous a prélevé une FREMM que la marine attendait depuis des années et qu'elle était sur le point d'obtenir. Nous la récupérerons et il y aura bien six FREMM en 2019. Il est certes de l'intérêt non seulement de la marine, mais de tous d'exporter des FREMM ; mais ce qui m'intéresse, c'est le contenu physique et le contenu financier. Je ne suis pas, par ailleurs, en mesure de vous donner le détail du contrat avec le Qatar et donc de vous indiquer ses conséquences pour les armées.

Un des dangers des contrats à l'export, on l'a vu avec l'Égypte – il nous a fallu être très vigilants –, serait de « déséquiper » l'armée française pour exporter nos matériels. On a fait un effort avec l'Égypte et c'était de l'intérêt de tout le monde, mais le ministre s'est fermement engagé à ce que nous récupérions la FREMM et les six Rafale.

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