Intervention de Général Pierre de Villiers

Réunion du 21 mai 2015 à 15h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées :

En matière d'effectifs, il faut avoir un raisonnement global interarmées. À ce stade, les 18 750 postes correspondant à la moindre déflation se répartissent de la manière suivante : 11 000 iront renforcer la force opérationnelle terrestre (FOT), principale composante de l'armée de terre. Grâce à ces effectifs supplémentaires, l'engagement durable dans Sentinelle sera tenable. Les 7 750 restants seront ventilés au sein du ministère afin de réaliser les plans de transformation des trois armées directions et services, renforcer le renseignement, la cyberdéfense et la protection mais aussi le soutien à l'export.

Il nous reste à construire finement la manoeuvre tant quantitativement que qualitativement. Ainsi, nous allons poursuivre le dépyramidage, car nous sommes persuadés qu'il est vertueux, qu'un jeune peut commander qu'il n'est pas nécessaire d'attendre d'avoir cinquante ans pour occuper certains postes à responsabilités.

La manoeuvre quantitative touchera toutes les armées, directions et services. Le calendrier est certes influencé par la montée en puissance de la FOT : elle doit se mettre en place rapidement, en deux ans ou deux ans et demi, mais cela ne se fera pas au détriment de la marine ou de l'armée de l'air, car la cohérence du modèle serait alors perturbée.

Le chantier, énorme, complexe, ne sera pas terminé en huit jours. Nous voudrions avoir élaboré l'ensemble d'ici au 14 juillet, pour que chaque chef d'état-major, chaque directeur, chaque service ait une vision claire de la période 2015-2019. Mon action est dictée par le souci de l'intérêt général et se déroule dans la fraternité d'armes : avec les chefs d'état-major, nous formons une véritable équipe de commandement.

Monsieur Vitel, je ne partage pas votre sentiment en ce qui concerne l'action de l'État en mer (AEM). Peut-être ne lui a-t-on pas accordé suffisamment d'importance pendant des années, mais la maîtrise des flux, de tous types, vient nous rappeler qu'elle est indispensable, y compris pour la protection de nos côtes. Vous savez que l'AEM dépend du Premier ministre. Or j'ai passé quatre ans au cabinet militaire de Matignon et je suis donc très sensible à la question. Aujourd'hui, il me semble au contraire que la fonction est consolidée. L'amiral Rogel et moi-même sommes très vigilants, car nous connaissons l'état de certains de nos bateaux : nous nous sommes battus pour inscrire le B2M, le bâtiment multi-missions, et le BSAH – bâtiment de soutien et d'assistance hauturier. Sans doute, il faut faire encore plus. Mais ces deux bâtiments n'étaient pas prévus à l'origine.

En ce qui concerne l'entretien programmé du matériel (EPM), je ne sais pas si les 500 millions d'euros suffiront, car les besoins sont importants. Nous n'avons certes eu aucun mal à convaincre sur ce sujet, car personne ne peut contester la nécessité de remettre à niveau et de régénérer nos équipements après les engagements que nous menons sur les théâtres d'opérations. Mais c'est tout de même un beau geste, et d'autant plus que les crédits avaient déjà été augmentés dans la LPM.

Ce sont donc 2 milliards qui sont consacrés aux équipements : 500 millions pour l'EPM, 500 millions budgétés en 2018-2019 et 1 milliard lié au coût des facteurs. Nous avions bâti nos hypothèses en euros courants : en règle générale, cela ne nous est pas toujours favorable, mais, cette fois, nous avons eu un coup de chance et l'hypothèse s'est révélée favorable. J'ai demandé qu'on nous laisse le bénéfice des économies ainsi réalisées, d'autant que les charges additionnelles en consomment une bonne partie. Ce milliard est indispensable pour financer les équipements en 2016 et 2017.

Considérant nos besoins capacitaires en 2016-2017, je dois flécher les économies à récupérer durant la même période au sein des programmes – 212, 178 et 146 –, pour que le train d'équipement reçoive les crédits qui conviennent. Telle est la manoeuvre que nous élaborons avec le délégué général pour l'armement (DGA) et la direction des affaires financières (DAF). Nous nous sommes donnés jusqu'à la fin du mois de juin pour parachever ces travaux. Vous pourrez interroger le DGA à ce sujet.

Il faut ensuite lier cela à la gestion et au report de charge, variable importante du programme 146, qui ne se présente pas trop mal pour 2015 : cela nous aidera pour la manoeuvre concernant les équipements.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion