Les chambres d'agriculture représentent un outil très performant et indispensable pour le développement de l'agriculture et l'organisation du territoire. En effet, l'agriculture doit accomplir une mutation sans équivalent depuis quarante ans. Dans les années 1970, le monde agricole était chargé d'une mission alimentaire ; aujourd'hui il doit remplir de nouvelles et multiples missions très importantes Les chambres doivent accompagner cette mutation. L'agriculture mondiale ne doit pas seulement nourrir quelque 9 milliards d'habitants, elle doit jouer un rôle en matière de biens de consommation non alimentaires comme en matière d'aménagement du territoire ou de carbone vert. Seule la photosynthèse étant renouvelable sur la planète, le monde agricole doit être informé du rôle qu'on lui demande de jouer. Rappelons aussi que les agriculteurs occupent la plus grande partie du territoire : ils peuvent donc avoir une grande influence sur les décisions qui seront prises en matière de protection de l'environnement. Je suis un jeune président de chambre d'agriculture : j'ai quarante ans. Tels sont les défis qui me motivent.
Toutefois, même une chambre d'agriculture de la taille de celle de la Marne ne saurait les relever seule. Elle doit inévitablement mutualiser ses moyens pour être plus efficiente. C'est ce que nous avons commencé à faire, il y a deux ans, dans le cadre de la région Champagne-Ardenne : nous avons ainsi dépensé à cette fin 200 000 euros en conseil pour une meilleure organisation. Or nos efforts engagés ces deux dernières années n'ont pas été facilités car notre périmètre n'a cessé d'évoluer, la Champagne-Ardenne s'est vue successivement rattachée à la Picardie, puis à la Lorraine, puis à la Lorraine et à l'Alsace. Nous sommes néanmoins convaincus de l'intérêt de la mutualisation comme seul moyen de rendre plus efficace notre action – cette conviction est partagée sur le terrain – et nous n'avons pas diminué nos efforts.
L'équation budgétaire a également compliqué notre tâche. Pour la chambre d'agriculture de la Marne, l'écart moyen entre la baisse de la taxe additionnelle sur le foncier non bâti (TAFNB) et l'augmentation des salaires annuels s'élève à 300 000 euros par an. Sur trois ans, sur un budget annuel de 8 millions d'euros, il faut trouver presque 1 million – ce qui représente une somme importante, compte tenu de l'écrêtement des fonds de roulement et des difficultés de trésorerie liées aux avances pour la réalisation de projets.
Si nous sommes convaincus de la nécessité de participer à l'effort commun, nous avons besoin de visibilité, s'agissant en particulier du périmètre des futures régions – ce qui n'est pas encore complètement le cas. La question est majeure pour les agriculteurs qui nous sollicitent en matière de méthode de production ou pour faire face à une perte de compétitivité. Nous devons d'autant plus conserver nos moyens que ceux des directions régionales de l'agriculture et de la forêt (DRAF) ou des directions départementales des territoires (DTT) ont diminué. Dans la Marne, compte tenu de la charge de travail du seul fonctionnaire des services de l'État chargé d'expliquer aux intéressés la complexité de la politique agricole commune, la chambre d'agriculture dû prendre la main pour répondre à l'angoisse – véritable – des agriculteurs. Ce sentiment est d'ailleurs partagé par l'administration et les chambres d'agriculture qui parviennent heureusement à mener un travail commun efficace et réactif et ainsi pallient les conséquences des baisses budgétaires affectant tous les services. Il conviendrait cependant de ne pas tout déstabiliser dans cette période de mutations où chacun a besoin de visibilité.
S'agissant des relations avec les autres chambres consulaires, nous travaillons sur le terrain, sur la base de projets : chaque partenaire vient avec ses compétences, ses réseaux et sa vision, ce qui nous permet d'être complémentaires. La fusion en un seul réseau aurait pour effet de niveler les compétences par le bas.