Madame la ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, il y a un mois, lorsque vous avez présenté votre réforme du collège comme une urgence républicaine, je n’en ai pas cru mes yeux lorsque j’ai lu que vous souhaitiez mettre la méritocratie au coeur du dispositif. Nous en sommes loin !
Vous avez parlé de réponse pragmatique, dans un climat apaisé, alors que vous venez d’entamer une grande partie de chamboule-tout en cassant des bilans qui donnaient satisfaction, en refondant l’ensemble des programmes et en réveillant le serpent de mer de l’interdisciplinarité.
Votre réforme ne fixe aucun cap. Pourtant, consolider au collège le socle de connaissances, de compétences et de culture est primordial.
Votre réforme dilue les fondamentaux – le français, les maths, les langues vivantes, l’histoire – dont les heures seront réduites, dans des pratiques interdisciplinaires plus que floues qui ne pourront que masquer l’abandon des langues anciennes, la régression de l’allemand ou la dilution de l’éducation citoyenne.
Je me souviens des « 10 % » au collège, qui furent une joyeuse pagaille, ou, à la fin des années 1980, des PAE – projets d’action éducative – censés faire travailler ensemble des professeurs de disciplines différentes, deux dispositifs jamais pérennisés.
Ce ne sont pas des réponses quantitatives et de beaux slogans que les enseignants attendent mais des réponses qualitatives, avec une revalorisation indiciaire à la clé, et la fin du pilotage défaillant relevé par la Cour des comptes dans son dernier rapport.
Depuis les événements tragiques de janvier 2015, j’ai l’impression que le vivre-ensemble à l’école est devenu une obsession, tandis que le goût de l’effort et la transmission des savoirs sont passés au second plan.
Madame la ministre, vous parlez d’une évaluation qui encourage l’effort alors que vous envisagiez il y a peu de supprimer les notes. Comprenne qui pourra…
Dans une politique éducative qui devrait servir la mixité sociale et permettre de faire face à l’hétérogénéité des publics scolaires, ne pensez-vous pas que l’adaptation de l’enseignement aux besoins de chaque élève reste le principal défi à relever ?
Le 22/06/2015 à 09:48, laïc a dit :
"Depuis les événements tragiques de janvier 2015, j’ai l’impression que le vivre-ensemble à l’école est devenu une obsession, tandis que le goût de l’effort et la transmission des savoirs sont passés au second plan."
Pas dans les cantines en tout cas, où les menus séparés sur des bases religieuses sévissent toujours en toute impunité, contre la laïcité et son idéal républicain du "vivre ensemble". On voit d'ailleurs là toute l'hypocrisie du Parti socialiste, qui prône d'un côté le "tous ensemble", mais qui fait le lit du communautarisme ségrégatif dès qu'il le peut par en-dessous.
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