Monsieur le député, votre question est multiple. Si vous me le permettez, je commencerai par rappeler les objectifs de la réforme du collège, lesquels rejoignent d’ailleurs ce que vous demandez à la fin de votre question. Il s’agit de s’adresser à chaque collégien pour le faire progresser, lui permettre de mieux apprendre et de mieux réussir. Telle est la vocation de cette réforme.
Pour ce faire, elle donne plus de marges de manoeuvre aux établissements en leur accordant un surcroît de 20 % d’autonomie pour qu’ils s’adaptent aux besoins de leur élèves ; elle offre davantage d’accompagnement personnalisé aux élèves – je pense en particulier aux trois heures accordées en classe de sixième parce que les enfants en ont besoin, à cet âge-là, pour mieux comprendre ce que l’on attend d’eux et mieux « apprendre à apprendre ».
En outre, la réforme prévoit de l’interdisciplinarité – sur laquelle vous avez exprimé votre scepticisme. Mais je veux dire ici que nous n’inventons rien en matière d’interdisciplinarité. Allez voir ce qui se pratique en Allemagne, souvent présentée comme modèle, ou encore en Finlande – deux pays qui, en matière d’éducation, ont, je le crois, fait leurs preuves : vous verrez qu’en croisant les disciplines et les savoirs, on permet aux élèves de mieux les comprendre ; en leur offrant la possibilité de conduire des projets pratiques, concrets, auxquels ils travaillent en groupe, on leur permet d’apprendre à faire et pas simplement à savoir.
Mais j’en reviens à ce que l’on attend de l’école, en particulier au lendemain des attentats de janvier. L’école doit transmettre des savoirs, mais aussi des savoir-faire et des savoir-être, et c’est tout ce que tente de faire, de façon très modeste, cette réforme du collège.
La réforme, et j’insiste sur ce point, c’est ce qu’en feront les enseignants qui seront amenés à l’appliquer. C’est pourquoi je considère que l’essentiel du travail commence maintenant puisqu’il va falloir accompagner et former les équipes enseignantes qui auront demain à mettre en oeuvre ces nouvelles pratiques pédagogiques qui, encore une fois, sans jamais porter préjudice aux disciplines en tant que telles, ont pour seul but d’aider les élèves à mieux apprendre et à mieux réussir.
Le 22/06/2015 à 09:40, laïc a dit :
"vous verrez qu’en croisant les disciplines et les savoirs, on permet aux élèves de mieux les comprendre "
En latin et grec, c'est déjà ce qui se fait, comme si on pouvait apprendre le grec et le latin en dehors de l'histoire grecque et latine, des lettres grecques et latines, de l'histoire politique de ce temps, et comme si les professeurs n'en profitaient pas pour faire des cours d'étymologie ou de grammaire. C'est invraisemblable de parler d'interdisciplinarité à propos du grec et du latin, comme si c'était une nouveauté, alors que cela se fait depuis toujours dans les cours en option. Et en physique, Mme croit-elle que c'est possible de faire de la physique sans utiliser les mathématiques ? Ou de faire de la biologie sans utiliser ses connaissances de chimie ? L'interdisciplinarité est déjà là dans les faits depuis longtemps. Cette réforme est une escroquerie intellectuelle, de la pure idéologie.
Quant au vivre ensemble, que Mme la ministre commence par donner l'exemple en prônant le menu unique dans les cantines plutôt que de faire l'apologie des menus déparés, bases d'exclusion et de ségrégation. Et aprés ça va donner des leçons de "tous ensembles", tous ensembles, mais pas à la cantine...
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