Intervention de Najat Vallaud-Belkacem

Séance en hémicycle du 2 juin 2015 à 21h30
Questions sur la politique de l'éducation

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche :

En effet, on me l’a dit tout à l’heure, une contrevérité circule encore, consistant à prétendre que si nous avançons d’un an l’apprentissage de la langue vivante 2, c’est au détriment de la langue vivante 1, qui aurait moins d’heures au final. Je profite donc de ce débat pour redire que la langue vivante 1 non seulement ne perd rien mais que, de surcroît, son apprentissage est renforcé puisqu’elle sera apprise un an plus tôt, dès la classe de CP. S’agissant de la langue vivante 2, elle sera apprise un an plus tôt, en classe de cinquième, et gagnera en temps d’apprentissage, puisque 54 heures supplémentaires lui seront consacrées sur l’ensemble de la scolarité, soit 25 % de temps en plus. Pour l’allemand, souvent choisi en langue vivante 2, cette réforme sera évidemment bénéfique.

Cela étant, j’ai entendu les craintes qui se sont exprimées ces dernières semaines, à savoir que l’allemand puisse être concurrencé par d’autres langues – pour des raisons sur lesquelles je ne m’étendrai pas –, et le souhait que les pouvoirs publics français affirment leur volontarisme dans la promotion de cette langue. Je suis la première à rappeler la relation toute particulière que notre pays entretient avec l’Allemagne. Il est vrai que les classes bilangues, telles qu’elles avaient été lancées au début des années 2000, ont donné davantage d’heures d’allemand à certains élèves, ce qui ne signifie d’ailleurs pas que les établissements aient fait le plein en nombre d’élèves potentiellement germanistes. Et il est arrivé dans certains collèges que ces classes bilangues « captent » les professeurs d’allemand et que ceux-ci n’étant plus en nombre suffisant, des élèves qui, en classe de quatrième souhaitaient choisir l’allemand comme langue vivante 2, soient orientés vers l’apprentissage d’autres langues.

Il faut aussi se poser cette question : quand on cherche à promouvoir une langue, n’est-il pas préférable d’augmenter le nombre d’élèves qui l’apprennent plutôt que de concentrer beaucoup d’heures sur un nombre limité d’élèves ? Cela étant, j’ai entendu l’inquiétude et je développerai une politique nationale très volontariste des langues, avec une carte académique et des objectifs chiffrés. Alors qu’aujourd’hui 178 000 élèves choisissent allemand en langue vivante 1, ils seront 200 000 à la rentrée 2016. Quant à ceux qui choisissent l’allemand en langue vivante 2, ils devraient passer de 487 000 à 515 000.

Comment respecterons-nous ces objectifs ? En ouvrant le nombre de classes nécessaires, en menant une politique de développement des jumelages entre écoles pour rendre attractif l’apprentissage de l’allemand, en fléchant des postes de professeurs d’école dans le premier degré susceptibles d’enseigner cette langue, surtout en recourant à des intervenants extérieurs, des locuteurs natifs, que la précédente majorité avait quasiment supprimés.

1 commentaire :

Le 22/06/2015 à 14:44, laïc a dit :

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"quand on cherche à promouvoir une langue, n’est-il pas préférable d’augmenter le nombre d’élèves qui l’apprennent plutôt que de concentrer beaucoup d’heures sur un nombre limité d’élèves ?"

Il ne sert à rien d'infliger l'étude d'une langue à des élèves qui n'en veulent pas, c'est perdre son temps et son énergie que de vouloir bourrer la tête des élèves de connaissances qui ne leur serviront à rien et qui ne les intéressent pas, il faut plutôt faire la sélection par le volontariat, là au moins ni les élèves ni les professeurs ne perdront leur temps.

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