Intervention de Guénhaël Huet

Séance en hémicycle du 2 juin 2015 à 21h30
Questions sur la politique de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuénhaël Huet :

Madame la ministre, je ne vous trouve ni qualifiée ni légitime pour parler d’apaisement. Quand on sait ce que vous avez fait, avec la publication en force de ce décret il y a quelques semaines, et quand on entend vos réponses ou vos interventions, dont la plupart sont faites sur le ton de la polémique, on ne peut penser autrement ! Vous êtes dans ce que les linguistes appellent « le pouvoir de représentation des mots ». Plus vous utilisez les mots, moins vous mettez en pratique ce qu’ils désignent !

Ma question concerne la suppression des classes européennes et des classes bilangues. Les classes bilangues et les sections européennes, qui offraient la possibilité d’apprendre deux langues vivantes dès la classe de sixième, se sont développées depuis 2002. Elles touchaient presque 16 % des élèves de sixième en 2013 contre seulement 5 % en 2004. Elles ont permis d’assurer une vraie diversité de l’enseignement des langues et une mixité sociale dans les établissements les moins favorisés. Par ailleurs, elles ont rendu accessible l’enseignement d’autres langues vivantes que l’anglais et l’espagnol.

La suppression des classes bilangues et des sections européennes obligerait la France à revenir sur certains de ses engagements internationaux et de ses accords bilatéraux, notamment avec l’Allemagne. Est-ce réellement un bon signal envoyé à nos partenaires, en particulier outre-Rhin ?

En effet, les classes bilangues ont permis de relever de 10 à 15 % le nombre d’élèves qui étudiaient l’allemand, dans la mesure où elles n’étaient accessibles qu’aux élèves étudiant l’allemand et l’anglais.

La suppression des classes bilangues entraînerait donc une baisse du nombre d’élèves apprenant la langue allemande, ce qui pourrait remettre en cause les diplômes de langue, les jumelages, les échanges scolaires ou le travail de l’Office franco-allemand pour la jeunesse.

C’est d’ailleurs l’avis qu’a exprimé Mme Wasum-Rainer, ambassadeur d’Allemagne en France, mais je crois, madame la ministre, que les avis des uns et des autres vous importent peu tant vous êtes drapée dans vos certitudes et votre refus de voir la réalité en face.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion