Monsieur le président Schrameck, je vous remercie d'être venu vous exprimer devant la représentation nationale pour expliquer la procédure de nomination à la présidence de France Télévisions qui a conduit à la désignation de Delphine Ernotte.
Malgré vos justifications, permettez-moi d'émettre des réserves tant sur la forme que sur le fond.
Sur la forme d'abord, je constate que parmi les trente-trois candidats déclarés, certains ont été écartés de la short list finale malgré leurs compétences reconnues – je pense par exemple à Marie-Christine Saragosse, à Emmanuel Hoog ou à Didier Quillot. Leur mise à l'écart sans audition jette l'opprobre sur l'institution que vous présidez, nourrissant les reproches fondés sur l'opacité de la procédure. Par ailleurs, certains membres du CSA disent avoir été pris de court en séance par votre méthode qui va à l'encontre de la collégialité que vous avez évoquée aujourd'hui.
Sur le fond, ensuite, le président Patrick Bloche a rappelé que les critères d'expérience et de compétence devaient prévaloir dans votre choix. Certes, Mme Ernotte a des compétences dans le secteur du numérique où elle est d'ailleurs décrite comme une « cost killeuse », mais quelles sont ses compétences en matière d'audiovisuel ? S'il est vrai qu'elle vous a présenté un projet stratégique baptisé « Audace 2020 », il semble qu'il ait été plagié. L'on peut se demander, comme Mme Catherine Tasca, ancienne ministre de la culture et de la communication : « Saura-t-on un jour ce qui a conduit le Conseil supérieur de l'audiovisuel à propulser à la tête de France Télévisions une femme d'une grande compétence managériale sans doute, mais étrangère à l'univers de la télévision d'hier et d'aujourd'hui […] ? » Dans quelle mesure les soutiens et les réseaux de Mme Ernotte ont-ils pesé dans la décision, à moins qu'elle n'ait été prise en fonction de son genre ?
Qu'ils semblent loin les propos de François Hollande : « Moi président de la République, je n'aurai pas la prétention de nommer les directeurs des chaînes de télévision publique, je laisserai ça à des instances indépendantes. » La nomination de Mme Ernotte est finalement la preuve d'une certaine porosité.
Le syndicat national des personnels de la communication et de l'audiovisuel de France Télévisions doit saisir la justice car il considère que cette nomination est entachée d'irrégularité. Confirmez-vous cette information ?
Les nominations effectuées sous l'ancienne majorité ont été mises en cause : je crois qu'il ne faut pas confondre indépendance et hypocrisie. Le choix de son directeur de cabinet par Mme Ernotte le montre bien puisqu'il s'agit de l'ancien bras droit de Cécile Duflot.