Intervention de Nicolas Bays

Séance en hémicycle du 4 juin 2015 à 15h00
Programmation militaire pour les années 2015 à 2019 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Bays :

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la présidente de la commission de la défense, messieurs les rapporteurs pour avis, chers collègues, au mois de janvier dernier, notre pays était frappé par les attentats les plus meurtriers de son histoire récente. Touchée en plein coeur, la France s’est relevée et a su faire preuve d’unité face à ce déchaînement de violence injustifiable. Garant de la cohésion nationale, le Gouvernement a parfaitement géré la crise en mobilisant notamment plus de 10 000 soldats afin d’assurer, dans nos rues, la sécurité quotidienne de nos concitoyens. Ce texte de loi répond donc en premier lieu à l’urgence dans laquelle nous nous trouvons.

La France, prenant ses responsabilités sur la scène internationale, est présente sur de nombreux théâtres d’opérations sur lesquels elle engage, parfois seule, des forces terrestres, aériennes et maritimes. Nos forces armées, auxquelles je tiens tout particulièrement à rendre hommage ici, sont actuellement sous tension. Elles sont engagées aux limites de leurs possibilités. Le rythme des opérations risque de mettre à mal l’entraînement des soldats et les capacités opérationnelles. Il est plus qu’urgent de donner à nos forces armées les moyens de se renforcer et de préserver ainsi l’avenir de notre outil de défense.

L’actualisation de la loi de programmation militaire répond à cet impératif en accordant à notre armée les crédits supplémentaires indispensables. L’efficacité de nos forces, la vie de nos soldats et la sécurité de nos concitoyens sont à ce prix.

En augmentant le montant des crédits de 3,8 milliards d’euros, ainsi que le prévoit l’article 2, et en les sécurisant, ce projet de loi répond, j’en suis sûr, aux enjeux qui sont les nôtres et permettra à nos forces armées de conserver leur niveau d’excellence. Ce texte leur donne d’autant plus de moyens qu’il prévoit également d’atténuer très nettement la réduction d’effectifs initialement programmée. Cela permettra à nos forces armées de remplir dans les meilleures conditions possible les missions prévues dans le cadre du nouveau contrat de protection du territoire. Le Gouvernement fait donc le choix courageux de rompre avec les pratiques de l’ancienne majorité, pour qui la réduction d’effectifs et le report des programmes étaient devenus des fins en soi. Là où l’UMP reportait, le gouvernement actuel fait ! De telles mesures illustrent l’équilibre trouvé par le Gouvernement entre obligation de sécurité et impératif budgétaire.

Par ailleurs, en permettant la création du service militaire volontaire, véritable outil d’insertion et de formation des jeunes, ce projet de loi répond également à l’un des enjeux majeurs pour notre pays, à savoir l’avenir de sa jeunesse. Si l’on ne permet pas à notre jeunesse de construire son avenir, c’est celui de la nation tout entière qui sera remis en question et je tiens à remercier l’armée pour ses efforts en la matière – là encore, nos soldats répondent présents et marquent, si besoin était, toute la force du lien qui unit la nation à son armée. Les articles 17 et 18, qui prévoient le début de l’expérimentation du dispositif dès septembre 2015, montrent que le Gouvernement et la majorité ont su répondre présents. Il y va de l’avenir de la jeunesse française.

Ce texte permet également, au travers de son article 13, le maintien et le développement de la réserve militaire, dans ses deux volets, la réserve citoyenne et la réserve opérationnelle. Il s’agit pour nous de renforcer cet outil qui s’avère indispensable et d’en accroître la réactivité. Étant moi-même officier dans la réserve opérationnelle, je connais l’importance de cet outil pour nos forces armées en OPEX et pour l’opération Sentinelle. Je salue ici mes camarades du CRR-Fr actuellement déployés dans le cadre de l’opération Barkhane, mais, même si ce texte permet de répondre à l’urgence à laquelle le pays et nos forces armées sont confrontés, je suis convaincu, monsieur le ministre, que rien ne sera possible à moyen terme sans une réelle coopération européenne.

La France porte trop souvent seule le fardeau de la lutte contre le terrorisme, comme ce fut le cas dans la bande sahélienne, alors que ce sont les intérêts de l’ensemble des États de l’Union européenne qui sont touchés. Elle n’en sera pas capable éternellement. Il est urgent de mettre en oeuvre la défense européenne de manière très pragmatique et réellement opérationnelle. J’appelle donc le Gouvernement à agir dans cette optique dès le 25 juin prochain, au Conseil européen.

Enfin, je tiens à le souligner, il est très important que nos soldats se sachent soutenus par le personnel politique. Aussi, permettez-moi de condamner le comportement indigne que certains députés ont cru bon d’adopter la semaine dernière en commission de la défense. Chacune de vos gesticulations – n’est-ce pas, monsieur Meunier ? – est une injure faite à tous ceux qui, jour après jour, garantissent la sécurité des Français et défendent nos intérêts vitaux au péril de leur vie. Malheureusement, nous connaissons le commanditaire de ces agitations de façade, il est coutumier du fait.

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