Nous vivons dans un monde toujours plus instable et dangereux. Plusieurs orateurs l’ont dit : les dépenses militaires progressent un peu partout dans le monde. Or la part de la richesse nationale que nous consacrons à la défense a été divisée par trois depuis les années 1960 ; nous atteignons donc aujourd’hui un niveau que l’on pourrait dire tout juste suffisant.
Face aux menaces croissantes, nous devons assumer nos responsabilités, ne serait-ce qu’en tant que membre du Conseil de sécurité des Nations unies – un siège qui confère à notre pays certains droits, mais aussi certains devoirs vis-à-vis de la communauté internationale. Nous devons en effet répondre à un certain nombre de sollicitations et intervenir sur des théâtres extérieurs dans le cadre de ce que l’on appelle les OPEX.
Il me paraît important de souligner qu’au-delà des OPEX, il a été fait un choix important et stratégique : celui d’engager également nos forces sur le territoire métropolitain. Vous avez indiqué fort justement que c’était déjà le cas, monsieur le ministre, mais ce n’était pas dans le cadre de la même mesure. En effet, il existe une très forte différence d’échelle entre le plan Vigipirate et l’opération Sentinelle.
Il ne s’agit pas de remettre en cause le principe de cette opération, qui est important. Il nous faut simplement en prendre la mesure sur la durée. Lors de son audition par la commission de la défense, le chef d’état-major des armées a rappelé les trois missions distinctes des forces armées : la préparation opérationnelle, l’intervention extérieure et, désormais, la mission tournante relative aux opérations intérieures. De ce point de vue, il me paraît essentiel de réfléchir à la pérennité de cette mission, qui fera assurément l’objet de débats à venir, car ce sujet suscite sinon un danger, à tout le moins des craintes.