Je tiens à remercier nos collègues pour la qualité de ce rapport qui a le mérite de fournir une analyse complète et circonstanciée des engagements militaires extérieurs de la France. Je citerai ici les mots de Clémenceau, qui, en 1918, saluait « la France, hier soldat de Dieu, aujourd'hui soldat de l'humanité, sera toujours le soldat de l'idéal. » Notre pays n'est toujours pas sorti aujourd'hui de ce rôle de héros de la démocratie qu'il s'est lui-même attribué, n'hésitant pas à intervenir en réponse à la barbarie et aux crises de civilisation. Mais pouvons-nous êtres si sûrs de nous-mêmes, si arrogants ? C'est une prétention dont nous n'avons plus les moyens.
L'histoire de l'Irak nous le montre, nous sommes encore pris dans un héritage colonial qui remonte à la volonté de la gauche radicale, au XIXème siècle, de porter hors de nos frontières la civilisation. Cette même gauche chausse aujourd'hui les mêmes bottes.
Or, sommes-nous acclamés pour notre action ? Non, nous sommes perçus comme des armées d'occupation, la regrettable bavure récente devrait de plus nous accabler moralement. Pourquoi la France seule devrait-elle être le gendarme de démocraties épuisées ? Pourquoi la Grande-Bretagne, elle aussi puissance coloniale, n'intervient-elle pas comme la France en Afrique ? Notre pays y perd sa force morale. J'estime par conséquent qu'il nous faut procéder à un aggiornamento de notre politique. La barbarie n'est qu'un faux prétexte à l'intervention militaire, qui devrait être assumée par des organismes internationaux dont c'est la véritable fonction, comme les Nations unies ou l'Union des Etats africains.