C'est un grand honneur pour moi de vous retrouver cet après-midi et de présider avec vous cette réunion conjointe. Tout d'abord, je vous présente notre délégation de la commission de la culture et des médias du Bundestag allemand. Vous voyez d'un côté Mme Herlind Gundelach, vice-présidente chrétienne-démocrate (CDU-CSU) de notre commission, ainsi que Mmes Ursula Groden-Kranich et Elisabeth Motschmann, qui appartiennent au même groupe politique. De l'autre côté se trouvent Mme Sigrid Hupach, du groupe La Gauche (Die Linke), Mme Ulle Schauws, du groupe Alliance 90Les Verts et M.Burkhardt Blienert, du groupe social-démocrate (SPD), auquel j'appartiens également.
C'était un vrai événement de vous accueillir en décembre pour une journée et demie à Berlin ; j'ai senti que nous réagissions de la même manière, que nous partagions les mêmes questionnements et le même intérêt à approfondir nos contacts. Je vous remercie donc d'être venus à Berlin, comme je vous remercie aussi d'avoir pu, aujourd'hui, assister à une séance de questions au Gouvernement. Elle se déroule d'une manière assez différente chez nous. J'ai trouvé dans ces échanges directs de questions et réponses un encouragement à faire de même. Voilà un bon style. Les prises de position sont nettes et polémiques, elles s'entrechoquent et le gouvernement doit répondre. Nous connaissons chez nous une autre forme, qui n'est pas moindre, de culture du débat et de confrontation entre gouvernement et parlement. Mais cette confrontation directe était en tout état de cause très intéressante, de même que les sujets abordés, y compris quand ils pouvaient susciter la polémique, ce qui est après tout dans la nature du débat politique.
Il était judicieux de votre part de proposer pour thème de discussion la convention UNESCO sur la diversité culturelle. En 2005, le sujet a été beaucoup débattu au Bundestag. Il y a environ trois ans, un rapport intermédiaire a été publié, qui présentait l'état de la protection de la diversité dans les différents champs d'activité. Une foule de sujets restent cependant à discuter, où un besoin pressant de réglementation se fait sentir. Cher collègue Patrick Bloche, vous avez rappelé que les États-Unis d'Amérique ne sont pas encore signataires de la convention, ce qui nous invite à réfléchir à la question de savoir quelle portée peut avoir la convention sur la diversité culturelle dans le contexte des négociations autour du partenariat transatlantique sur le commerce et les investissements (PTCI). C'est une discussion qui provoque de nombreux débats et intéresse au plus haut point l'opinion publique en Allemagne.
Chez nous, le Bundestag ne se prononce que sur certaines matières relatives à la culture. L'État fédéral n'est en effet compétent en ce domaine que pour le soutien à Berlin, capitale culturelle, ou encore pour la définition d'un cadre légal du droit d'auteur ou des caisses sociales de prévoyance et d'assurance-maladie des artistes. Mais il est aussi compétent pour la culture commémorative, la culture de la mémoire jouant un grand rôle du fait de l'histoire sanglante du vingtième siècle.
Si vous me permettez ainsi une transition vers la politique culturelle extérieure, je dirais qu'elle constitue également un domaine d'action important. Ainsi, quelle réponse apporter aux attentats perpétrés contre le patrimoine culturel ? Sa protection constitue un enjeu essentiel. Comme législateurs, au niveau national, nous devons adapter les normes en réglementant l'importation de biens culturels qui peuvent être issus du pillage de ces villes ou régions. Le Bundestag examine en profondeur ces questions, qui sont aussi des questions d'actualité.
Examinant la convention UNESCO relative à la diversité culturelle, nous devons aussi nous demander quel bilan nous pouvons en tirer au niveau national, dix ans après sa signature. Garantit-elle toujours que la culture et les biens culturels ne sont pas prioritairement une marchandise soumise à la domination du marché, mais une expression de l'être qui reste soustraite à ses forces et appartient, en dernier ressort, à l'identité culturelle du pays et de la nation ? La responsabilité spéciale de l'État vis-à-vis de l'art et de la culture ne risque-t-elle pas pourtant de se décliner de plus en plus en termes de marché, s'agissant du soutien au film, à la production radiophonique ou télévisuelle ? Ce sont autant de secteurs qui fonctionnent en effet en suivant les lois du marché ; pourtant, l'État a la responsabilité de soutenir par un financement public ces institutions qui, en définitive, ne peuvent exister et subsister en s'appuyant seulement sur le marché.
Notre pays est entré dans une transition démographique qui conduit au dépeuplement de certains espaces, où certaines infrastructures culturelles menacent de s'effondrer. Quelles contre-mesures pouvons-nous prendre pour ne pas laisser disparaître certaines institutions culturelles et conserver leur vitalité malgré le défi démographique ?
La convention de l'UNESCO porte sur le patrimoine culturel, mais la place de l'architecture est une autre question qui nous préoccupe. Dans ce domaine, en particulier, nous accordons autant d'attention au patrimoine qu'à la culture contemporaine. Enfin, la convention s'intéresse à la dimension interculturelle, tant dans le monde qu'au sein de notre société, car le dialogue interculturel est devenu un moteur de développement de nos cultures nationales, qui offrent une nouvelle patrie à des personnes qui en ont besoin et évoluent grâce à l'apport venu de l'étranger.
Je serais donc très curieux de savoir comment vous appliquez la convention UNESCO sur la diversité culturelle.