En France, notre filière de fabrication compte 10 000 salariés et 3 000 entreprises. Elle est très diversifiée. À la colonne vertébrale que constituent les groupes de luxe, se sont arrimés des sous-traitants ou cotraitants : PME et TPE familiales, artisans, créateurs, négociants en pierres et perles, et sociétés de négoce de métaux précieux.
La filière se caractérise par une formation élevée, qui représente un enjeu important. L'important appareil de formation français est arrimé aux territoires. Une quinzaine d'établissements publics ou privés enseignent les métiers de la bijouterie, principalement en régions Île-de-France et Rhône-Alpes. Chaque année, 1 200 personnes – apprentis, étudiants en formation initiale ou adultes en formation continue – apprennent nos métiers.
Notre outil de formation est reconnu. Pour présider un groupe scolaire parisien de 300 élèves, je puis témoigner que des pays étrangers nous sollicitent chaque mois pour organiser des partenariats ou ouvrir des antennes, notamment en Asie.
Le secteur se caractérise par une forte employabilité. Si l'année 2009 s'est caractérisée par une forte dépression pour les PME et TPE, dont les commandes ont chuté de 80 %, la croissance, depuis lors, a été importante, ce qui explique que la filière attire beaucoup de jeunes.
Le dialogue social est une de ses composantes essentielles. Nous travaillons avec les partenaires sociaux pour conclure des accords novateurs. Nous venons de signer avec nos cinq organisations syndicales un accord sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.
Depuis la crise, et la mise en oeuvre d'un plan filière fortement accompagné par l'État, nous nous sommes interrogés sur nos modèles économiques. Constatant qu'il n'était pas possible à une entreprise de vingt salariés de répondre, en termes de qualité et de délais, aux demandes des donneurs d'ordres, des ateliers ont fusionné, d'autres se sont développés en interne. Désormais, les entreprises associent un haut savoir-faire à une capacité de produire en volume pour répondre à la demande des grands groupes. Elles doivent à la fois vendre de la haute joaillerie et produire des bijoux en entrée de gamme.
La filière prend la réforme de la formation à bras-le-corps. Il faut que nos entreprises aient une bonne structure pour développer la formation interne.
Je conclurai en abordant un sujet que j'ai déjà évoqué avec M. Brottes : le financement du stock d'or. Pour une entreprise qui réalise 10 millions d'euros de chiffre d'affaires avec des salariés disposant d'un haut savoir-faire, la façon représente 5 à 6 millions et le métal précieux, 4 à 5 millions.
Pour vendre à une grande maison un kilo d'or, une entreprise doit en détenir quatre à six. Cela signifie qu'une entreprise de quarante salariés doit financer quatre-vingts kilos d'or, soit, le cours variant entre 30 000 et 40 000 euros, un total de 2 à 3 millions en fonds propres, qui n'est pas amortissable et que les banques ne financent pas. Les entreprises françaises, contrairement aux italiennes, subissent même une double peine, car elles paient l'IS sur la totalité de cet outil. En modifiant sa position sur ce sujet, la BPI apporterait un ballon d'oxygène aux entreprises.