Intervention de Olivier Frémont

Réunion du 3 juin 2015 à 9h30
Commission des affaires économiques

Olivier Frémont, président-directeur général de Christofle :

Nous possédons près de Rouen une usine qui crée de l'emploi. Mon intérêt, en tant que responsable d'une marque de luxe, est de produire en France. Le made in France ajoute à la valeur de nos produits : il nous serait impossible de vendre du Christofle made in China. En outre, produire en France nous permet de réagir plus rapidement à la demande de nos clients.

Reste que 40 % de notre production est réalisée à l'étranger, notamment au Brésil ou en Italie. Chaque fois que nous lançons un nouveau produit, un comité réunissant les responsables de l'industriel et du marketing se demande si nous le réaliserons chez nous ou à l'étranger. Depuis que l'euro a baissé, il n'est plus défavorable de nous en remettre à nos équipes françaises, qui ont une bonne productivité. Certains responsables veillent à améliorer la performance. Ils élaborent des plans d'action pour réduire de deux à une minute le temps de fabrication de telle ou telle pièce. Pour les petits produits, en revanche, nous nous tournons vers l'étranger où la fabrication est plus automatisée.

Le savoir-faire est notre fonds de commerce. Le nom de la France évoque Versailles et Vaux-le-Vicomte. Bien qu'on produise en Inde et en Chine des pièces magnifiques, il me serait difficile de vendre 10 000 euros un candélabre made in India. Pour moi, le made in est une menotte marketing, mais sur le plan de la fabrication, les autres pays nous rattrapent. La seule avance que nous conservions concerne les pièces exceptionnelles, que je fais réaliser par les meilleurs ouvriers de France et qui équiperont l'Élysée ou d'autres palais.

Si, depuis quelque temps, il m'est plus facile de relocaliser la production, je reste échaudé sur deux points.

Le premier concerne les normes environnementales, qui sont des usines à gaz. On ajoute à tout instant des réglementations qui vont devenir ingérables, alors même que nous agissons de manière responsable, que nous ne polluons pas les nappes phréatiques et que nous n'avons pas envie d'empoisonner l'eau de l'école située à côté du site de production.

Mon second sujet d'inquiétude est l'empilement des normes européennes, bien que je sois très favorable à l'Union européenne et à l'euro. Napoléon III utilisait tel type de couverts. On ne peut pas casser des siècles d'histoire pour respecter une réglementation qui vient d'être édictée pour les interdire.

Compte tenu de cette situation, nous embauchons souvent des intérimaires. Quand une opportunité se crée, nous avons envie de la saisir, mais nous sommes frileux moins pour des raisons économiques que parce que nous redoutons l'apparition de nouvelles normes.

Monsieur Kemel, Arques est n'est pas réellement une marque de luxe. Il est plus difficile à une marque dont les prix de vente ne sont pas très élevés de produire en France. La question relève moins de la stratégie industrielle que du marketing : c'est la décision commerciale qui induit le lieu de production.

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