Aux assises, que j'ai beaucoup pratiquées de par ma profession, le tirage au sort est assorti d'un droit de récusation. Est-ce ainsi que vous le concevez ? Par ailleurs, les citoyens tirés au sort se révèlent toujours extrêmement sévères, plus enclins à défendre l'ordre qu'à faire preuve d'humanité.
En ce qui concerne les quotas, que pensez-vous de l'exemple du Maroc, où ont été institués des quotas de femmes et de jeunes aux élections législatives ? C'est une manière de les attirer vers la vie politique, et la mesure semble avoir une certaine efficacité puisque l'actuel président de la commission des affaires étrangères du Parlement est âgé de vingt-neuf ans.
Je m'interroge également sur le fait que les secrétaires généraux ou les dirigeants de parti soient toujours exclus du gouvernement – que l'on pense, pour le parti communiste, à Georges Marchais en 1981 ou à Robert Hue en 1997. Est-ce normal ? Pourquoi le premier secrétaire du parti socialiste n'est-il pas de plein droit, lorsque celui-ci gagne les élections, Premier ministre d'un gouvernement socialiste ?
À l'inverse, il y a ceux qui sont systématiquement choisis. Pour être Président de la République, il faut être soit avocat soit énarque ; si vous n'êtes ni l'un ni l'autre, vous n'avez aucune chance. Pour être ministre, mieux vaut être énarque, de même que pour être directeur de cabinet : en 1997, sur quarante directeurs de cabinet, trente-neuf étaient énarques, seul Claude Allègre ayant choisi une femme non énarque.